Conférence de RMS pour les 30 ans de GNU
Photo prise par Antistress, sous licence CC BY SA
Richard M. Stallman dit RMS
Adepte du logiciel libre depuis presque dix ans maintenant, de Richard Stallman, j’ai vu un certain nombre de conférences en différé. Même si j’ai une des dernières vidéos que j’ai vu de lui correspond à une intervention assez récente (les RMLL 2013) et que je connais assez bien son discours, je souhaitais aller le voir, car c’était l’occasion de potentiellement le rencontrer et pouvoir lui parler.
J’ai donc saisi l’occasion de l’événement organisé par l’APRIL (l’association de promotion du logiciel libre) pour les 30 ans de GNU pour me rendre à l’université de Saint Denis. Sur place, j’ai retrouvé Antistress, celui-là même que l’on a pu entendre dans différents épisodes du podcast l’Apéro du Captain web ou encore dans un épisode de l’Agence tous Geeks spécial Logiciel libre, auteur du blog Libre et ouvert, qui m’avait accordé une interview (Interview d’Antistress), ainsi qu’un de mes fidèles lecteurs @ArmosFr que je salue.
La conférence en elle-même
Comme la vidéo et la transcription texte sera bientôt mise à disposition par l’APRIL, je ne vais pas rédiger ici tout ce qui a été dit. Toutefois, comme j’ai pris près de 6 pages de notes diverses et variées sur les sujets abordés, je ferais une sorte de présentation résumé du discours, en me basant sur ces notes.
En quelques années, le discours de RMS s’est modernisé et actualisé. On est passé d’un "Windows et Apple sont des logiciels privateurs" et "Les 4 lois du logiciel libre" aux Dangers liés à Internet. A savoir, la surveillance généralisée à laquelle peut conduire le réseau, avec des sites comme Facebook. La surveillance liée à l’usage des smartphones, GPS et du téléphone portable en général qui permet la localisation en temps réel des individus. Maintenant nous sommes plus surveillés que les habitants de l’ex URSS. Le discours rejoint celui d’un Benjamin Bayart ou d’un Jérémie Zimmerman, ce qui est étrange pour RMS, mais également une bonne chose. Il n’a enfermé dans son domaine, il a connaissance du monde qui l’entoure. Et même s’il prône un usage que le commun des mortels ne peut se permettre et auquel Mme Michu ne comprend rien (le logiciel libre), il est toujours bon de revoir les bases.
RMS évoque également la problématique de la censure. Il y a 15 ans, il était impensable de censurer Internet. Aujourd’hui, n’importe quel pays qui y met le prix et est en mesure de le faire, la France en tête, en ayant des lois comme LOPPSI. RMS a alors évoqué les différentes formes de la censure, du blocage de site au blocages de liens.
Un autre problème toujours d’actualité est celui des formats fermés, et plus subtil, celui de format breveté. Le format est alors clairement défini, mais comme son implémentation est soumises à brevet, on ne peut utiliser ce format au sein des logiciels libres... Toujours d’actualité également, ça ne change pas, les logiciels privateurs. S’en est suivit la notion d’avoir le contrôle de sa propre vie à travers le contrôle de son informatique et des logiciels que l’on utilise. La liberté, c’est d’avoir le contrôle de sa propre vi. Le pouvoir, c’est d’avoir le contrôle sur la vie des autres. Tout programme se doit d’être libre pour que ses utilisateurs soient libres.
Les menottes numériques, petit nom des DRM, avec le fait que l’on peut installer des logiciels qui ne sont pas approuvés par Apple, qui a alors le pouvoir de censure. Tout comme le Swindle (Escroquerie), jeu de mot pour le Kindle, pour lequel Amazon a le contrôle des livres vendus à ses clients. Amazon ne respecte d’ailleurs pas la liberté qu’à normalement un lecteur de pouvoir prêter un livre qu’il possède. Et de ce fait, il faut rejeter les livres numériques.
Autre sujet de préoccupation, les portes dérobées - les backdoors. Snowden a montré avec l’affaire PRISM que les systèmes d’exploitations des smartphones, MacOS, Windows, contiennent des portes dérobées. Sans informer l’utilisateur, il est possible de faire de la récupération de données, ce qui est une fonctionnalité malvaillante. Les smartphones, même éteind, peuvent transmettre des informations comme des coordonnées GPS, se transformer en micro qui permet d’écouter en continue... ce via des backdoors intégrés.
Face à toutes ces problématiques, il y a une solution, le logiciel libre et le duo GNU/Linux. Avec l’instance sur l’appellation GNU/Linux et le fait que c’est le logiciel libre et ses 4 libertés qui comptent, l’open source n’étant qu’un évitement des questions d’éthiques qui sont importantes. Evoquer GNU a été aussi l’occasion de rappeler que si l’on souhaitait aider le projet, une des façons de le faire était de devenir conférencier pour présenter le principe du logiciel libre à des publics qui ne le connait pas. (Voir à ce sujet mon article Comment faire une présentation sur le logiciel libre ? issu d’une prise de notes lors de la présentation de ce sujet par l’APRIL).
Depuis des années et encore maintenant le matériel fermé et l’absence de spécification pour ce dernier nécessitant d’avoir recours à des logiciels pilotes (drivers) propriétaires font que ces firmwares enferment l’utilisateur dans l’usage de logiciel privateur. Le reverse enginering (ingénieurie inverse) n’est pas suffisant et prend beaucoup de temps, seule la mise à disposition des spécifications détaillées et complètes est la solution.
Une autre chose évoquée est la nécessité d’enseigner le logiciel libre dans les écoles. Et ce, non pas uniquement pour des raisons d’économie mais avant tout pour une question d’éducation : l’usage du logiciel libre permettant de ne pas imposer de dépendance à un logiciel particulier et donc à l’entreprise qui lui est associé. le fait que Microsoft offre des licences Office gratuite à l’éducation et aux associations a été comparé à la première dose gratuite qu’offre le dealer de drogue, en vue de créer une dépendance. L’accès au code source des logiciels permet de former de meilleurs programmeurs ; le code fermé bloque l’accès à la connaissance. L’usage de logiciel libre permet de former des citoyens indépendants.
Retour sur le thème de l’Internet avec les 3 menaces liés aux sites webs. Il y a de plus en plus de programme privateur en javascript sur lesquels nous n’avons aucun contrôle. Il existe une extension pour Firefox, ’libre js’, qui permet de valider les scripts javascripts utilisés (vérifiant que leur code source est triviale et libre) et de signaler au besoin (en recherchant le formulaire de contact) que le site utilise du logiciel privateur.
La seconde menace est l’accumulation de données personnelles par des sites comme Facebook. Le simple affichage du bouton like sur un site engendre une trace associée à l’adresse IP de l’ordinateur consulant le site, trace qui est alors envoyé à Facebook. Facebook suit ainsi les sites que l’on consulte...
La troisième menace est dans l’obligation de saisie de données personnelles et la nécessité de s’inscrire pour bénéficier de l’accès à un site. Qu’en est-il de l’usage de ces données, les possibilités d’abus étant nombreuses et faciles...
Toujours sur Internet, le SAAS, Software As A Service, fait que l’on perd le contrôle de son informatique et de ses activités informatiques. La perte de ce contrôle est pour RMS, une injustice.
Le vote en ligne. Il ne faut jamais faire confiance à personne dans le cadre d’un vote. C’est pour cela que les dépouillements sont accessibles à tous, permettant à chacun de surveiller les autres et d’apporter la garantie qu’une fraude sera potentiellement détectée. Quand on paie par carte de crédit, on peut vérifier que l’on ne sera pas débiter de plus que le montant nécessaire et cette vérification possible engendre une certaine confiance permettant le paiement. Dans le cadre du vote électronique, on ne peut vérifier la bonne comptabilité du vote. Avec le vote par Internet, il y a le problème de tous les PC zombies appartenant à des botnets. Bien que l’écran puisse afficher que l’on ait voté pour A, le message envoyé peut très bien être modifié et faire parvenir un vote pour B. De plus, le vote n’est plus secret, on peut très bien faire pression sur le votant pour le forcer dans son choix. Seul l’isoloir et la confidentialité du vote ôte cette pression. Le vote électronique est donc une menace pour la liberté.
La guerre contre le partage a alors été le nouveau sujet sur lequel RMS s’est exprimé. Il est revenu sur l’usage du mot pirate et l’avis qu’il exprime sur le sujet quand on lui pose la question : Attaquer les navires, c’est mauvais, partager est bon. Pirate est un terme de propagande et est donc à bannir en conséquence. Il évoque alors la nécessité d’une légalisation du partage avec une réparation des revenus en fonction de la popularité des artistes mesurées sur le nombre de téléchargement. Chacun paie une licence globale de quelques euros et la somme est alors répartie en fonction de la racine cubique, pour conserver une proportion raisonnable dans la rémunération de soutien aux artistes.
En parlant d’argent, le fait que sur Internet, il n’existe pas de moyen de faire un don d’argent de façon anonyme est un problème. La nécessité d’un recours à un site extérieur comme Paypal a montré ses limites dans le cas de l’affaire Wikileaks (dont l’accès aux dons a été bloqué), et il n’existe à l’heure actuelle pas de solution si ce n’est Bitcoin, qui bien que non anonyme, est un progrès dans le bon sens.
RMS termine alors son discours en rappelant les adresses des principaux sites qu’il faut consulter pour en savoir plus sur le projet GNU et le logiciel libre :
– Le site du projet GNU http://www.gnu.org
– Le site de la Free Software Foundation (FSF) http://www.fsf.org
– Le site de la Free Software Foundation Europe (FSFE) http://www.fsfe.org
– Le site de l’APRIL http://www.april.org
S’en suite une séance de questions diverses et de ventes de goodies en vue de soutenir la fondation GNU.
Pour tout ce qui est des problématiques soulevées par RMS, Si vous souhaitez en savoir plus, je vous invite à également lire son interview sur PCInpact 30 ans de GNU : interview de Richard Stallman.
L’apéritif dinatoire
Suite à la conférence, il y a eu un apéritif dinatoire qui a duré un certain temps. Cette rencontre m’a permis de faire un certain nombre de rencontres fort sympathiques, qui donneront probablement lieux à des interviews des personnes concernées. J’ai appris des choses, approfondies d’autres, parler de sujets techniques, d’hacktivisime, de chiffrement... Ca a duré pendant plusieurs heures et je suis reparti la tête pleines de projets et d’idées. Et surtout, lors de l’apéritif, j’ai pu échangé quelques mots avec RMS himself. J’ai pu parlé au fondateur du mouvement du logiciel libre. Le remercier d’avoir changer ma vision de l’informatique, d’avoir créer le logiciel libre.
Dans la liste des choses que je voulais faire dans ma vie, il y avait celle de rencontrer RMS en vrai. J’ai pu rayer cette ligne dans ma todo-liste, et en ajouter plein d’autres, tant cet événement a été riche en rencontre, idées... A suivre donc.