Quelques réflexions sur l’autohébergement la suite
Ce texte est une remise en forme d’une prise de notes réalisée lors d’une première réunion en vue d’initier le projet d’auto-hébergement parties ou selfhosting party Différentes personnes de différents horizons y participaient (merci à elles). Ces notes donneront aux lecteurs plusieurs axes et pistes de réflexions sur l’auto-hébergement. Je ne détaillerai pas et n’argumenterai pas sur chacune de ces idées.
Ce billet fera partie d’une série de billets initié avec le billet Quelques réflexions sur l’autohébergement et autres billets taggués Auto-hébergement
Comment définir l’auto-hébergement ?
Les données qui sont dans le Cloud, ce sont des données auxquelles j’ai besoin d’accéder de différentes machines et depuis l’extérieur (quand je ne suis pas chez moi). L’auto-hébergement s’oppose à mettre des données dans le Cloud
Les visions de l’auto-hébergement divergent : certains considèrent que c’est une appellation uniquement valable si la machine est chez soi. D’autres qu’elle est valable si elle est sur une machine que l’on loue (serveur dédié ou virtuel) sur laquelle on a un minimum de contrôle...
Quelques notions communes à ces différentes visions de l’auto-hébergement.
– Le matériel : quelle machine ? Chez soi, chez OVH ? Cela amène aussi la notion suivante : depuis quel matériel j’accède à mes données (mon PC, ma tablette, mon smartphone) et via quelle connexion (Wifi quand je suis chez moi, 3/4g en déplacement mobile...)
– Les données : c’est le cœur de l’autohébergement. On reprend le contrôle dessus.
– Les services : c’est l’ensemble de ces applications qui sont visibles, ces applications permettant d’utiliser les données.
Quelqu’un cite B.Bayart "Qui est propriétaire de quelque chose ? Celui qui peut la détruire" pour signifier que l’auto-hébergement, c’est redevenir propriétaire de ses données personnelles (par opposition au Cloud).
La brique Internet
Quand on parle Internet Associatif aux gens, ils sont souvent perdus car "il n’y a pas de box". Ils sont perdus sur l’aspect matériel. Ce point de blocage est en passe d’être lever avec le projet de la Brique Internet : il y a quelque chose de physique que l’on voit. Yunohost/La Brique est opérationnelle et permet de s’auto-héberger derrière l’ADSL.
Synchroniser ses données
Le problème de la synchronisation : si on a passe à une solution d’auto-hébergement, il ne faut pas avoir à ressaisir ses 200 contacts de son annuaire quand on change de téléphone. Il faut que la solution d’auto-hébergement ait cette solution de synchronisation par défaut.
Autre problématique, quand on change de smartphone Android, on entre son compte et l’on récupère tout. C’est un bon exemple du fait que toutes les données (nom, prénom, mail, date de naissance, photos etc.) sont chez Google. Même si l’on a pas de smartphone, le simple fait de donner son numéro de téléphone a quelqu’un fait qu’il sera chez les GAFAM par synchronisation... C’est là un argument en faveur de l’auto-hébergement et la dégooglisation...
Le nom de domaine
Il semble important de sensibiliser le grand public au nom de domaine et au fait d’avoir, pour les particuliers une adresse sous la forme prenom.nom.fr
Pour un .fr, il faut avoir une adresse postale en Europe, et le nom et adresses peuvent être masqués si besoin dans le whois. Le coût est de 12 euros environ pour un .fr
Autre problème du nom de domaine : la mise en place d’un certificat TLS (c’est un problème technique) et le problème du coût (120 euros/an) pour un certificat signé par les autorités de certification. Autre problème du certificat : on a besoin de sous-domaine et il faut que ces sous-domaines soient valables pour le certificat (donc avoir un certificat avec des sous-domaines) (évocation de la notion de certificat Wildcard).
Let’s encrypt est mentionné comme étant une solution qui pourrait résoudre ce problème de certificat.
La fin de la gratuité
S’auto-héberger, c’est payer pour des services qui sont "gratuits" (en fait ces produits ne sont pas gratuits vu qu’ils sont financés par la publicité, l’exploitation commerciale des données des utilisateurs...). Il y a donc une nécessité de travailler sur la carotte. Le bâton on l’a déjà, les earlier adopter viennent à l’auto-hébergement pour ne plus se faire taper : lutte contre l’espionnage etc.
Par exemple, chez CozyCloud, la carotte est dans le fait que les données sont centralisées sur le serveur et dans l’applicatif CozyCloud. Cette centralisation, regroupement des données utilisateurs en un endroit permet d’avoir une valeur ajoutée, on peut faire des choses qu’on ne peut pas faire ailleurs. Exemple : avez CozyCloud, il est possible d’associer des notes saisies à des tâches (dans le gestionnaire de tâches) ou à son agenda, ou encore à un mail. On peut associer une ligne de son compte en banque à une facture en pdf et à un mail...
Communiquer sur les problématiques de l’auto-hébergement
L’informatique accessible à tous est en perte de vitesse : qui sait encore comment fonctionne un PC parmi les lycéens (par exemple). On est des sachant dans ce domaine, que peut on dire à quelqu’un qui ne connait rien à l’autohébergement ? La grande question est donc comment parler au grand public, par où commencer ?
Les projets deviennent matures, il y a une nécessité de sensibiliser aux enjeux pour que le public sensibilisé décide d’agir. Il y a une nécessité d’accompagnement tout en laissant une part d’activité intellectuelle. Car il est possible de ne pas savoir ce qu’est un OS, un bios, mais on peut quand même s’auto-héberger. D’où la question : jusqu’à quel degré de prémâcher doit on aller et est-il possible d’aller dans l’auto-hébergement ?
L’auto-hébergement : on doit pouvoir changer, partir d’un service quand on veut. Le truc clef de l’auto-hébergement, c’est la liberté. Est alors évoqué le fait que l’auto-hébergement permet d’aller au delà d’un aspect vie privée - données personnelles, il y a aussi la notion de la liberté d’expression. Les GAFAM imposent des règles et censures : est cité en exemple le cas d’une photo montrant un téton sur Facebook. Dans le cas d’un auto-hébergement, je peux diffuser cette photo.