Du pseudonymat au pseudonyme

, par  Genma , popularité : 2%

Depuis que je tiens ce blog, 12 ans maintenant, je fais une gestion de mon identité numérique et régulièrement, je fais des billets de réflexions sur la séparation de cette identité publique, Genma, de mon identité civile. Je me pose des questions, je remets en doute ma pratique de vouloir séparer cette identité (Outer mon hacktivisme ?), le faire qu’on en puisse pas Faire le lien entre mon pseudo et ma véritable identité.

Dans ce billet, je voudrais vous faire part d’une décision que j’ai prise, mûrement réfléchi. Je vais passer du pseudonymat au pseudonyme. Explications.

Anonymat, pseudonymat, pseudonyme

L’anonymat, c’est être anonyme. C’est ne pas avoir de pseudonyme régulier, ne pas avoir une identité numérique cohérente autour d’un même pseudonyme. C’est ne pas pouvoir rattacher un pseudo à une personne physique.

Le pseudonymat, c’est avoir un pseudonyme, une présence cohérente en ligne sous ce pseudonyme (un blog, des comptes sur les réseaux sociaux) et éventuellement une vie associative et publique sous ce pseudonyme. Les personnes vous connaissent ou reconnaissent et vous appellent sous ce pseudonyme. Mais ne peuvent pas ou ne font pas le lien avec vos autres identités, civile ou autre pseudonyme. On est un cran de dessous de l’anonymat.

Le pseudonyme, c’est une sorte de surnom, de nom de plume ou d’artiste. Le nom civil de la personne est connue. Mais le nom civil sert pour la vie personnelle et privée, administrative. Le pseudonyme sert pour la vie et la personne publique. Le lien se fait aisément, tout le monde connait le pseudonyme, moins l’identité civile.

Du pseudonymat au pseudonyme

Jusqu’à récemment, Genma était un pseudonymat pour moi. Très peu de personnes connaissaient mon identité civile si elles connaissaient mon identité publique, pseudonymale. Et inversement. Mais avec une activité personnelle publique qui est sortie d’Internet ces dernières années, en m’impliquant dans des associations (et non plus seulement sur les forums et projets en ligne), en donnant des conférences, je suis amené, pour des raisons administratives (remboursement de frais de transports, salaires...) à donner mon identité civile, qui se voit alors associer à mon identité publique. De plus en plus de personne me connaissant sous mon identité publique me connaissent alors sous mon identité civile. Celles et ceux que je rencontre le savent : je donne mon prénom facilement. Mais si je n’y répondrais probablement pas si on m’interpelle avec quand je suis dans le cadre du personnage public.

Le lien Genma, mon identité civile se fait donc de plus en plus facilement (même si en ligne cela reste encore bien séparé). Dans l’autres sens, mon identité civile vers mon identité publique Genma, c’est quasiment impossible. Les nouvelles rencontres que je fais, les nouvelles personnes que je côtoie, c’est via ma vie et mes activités publiques.

Genma devient donc peu à un peu un pseudonyme et non plus un pseudonymat. On peut savoir et connaitre mon identité civile. Et là où pendant très longtemps cela m’aurait gêné, je me fais une raison. Je dois vieillir. Le fait de connaître mon nom, ça n’apporte rien. Aucune information qu’on ne pourrait savoir de plus via mon identité publique, si ce n’est toute la partie vie personnelle et intime qui n’est de toute façon pas mise en ligne (même sous pseudonymat).

Faire reconnaître mes vraies compétences

Le billet Outer mon hacktivisme ? avait initié une réflexion sur le fait de comment faire reconnaitre mes vraies compétences. Sur mon CV, désormais, je mets une partie Résumé de carrière avec ce que je fais depuis que je travaille, mon parcours professionnel. Et je mets une seconde partie tout aussi riche si ce n’est plus, que j’appelle Résumé du parcours personnel, qui correspond à tout ce que je fais depuis plus de 12 ans sous le pseudonyme de Genma. Il y a eu le blog, mon autodidaxie en informatique, puis récemment mon implication dans différents projets et association du monde du logiciel libre.

Ce parcours personnel, je souhaite le valoriser, l’utiliser professionnellement pour trouver un emploi au sein duquel je serai épanoui car j’utiliserai mes vraies compétences, la maturité acquise via toutes ces expériences personnelles. J’ai vieilli, mûri, grandi en étant Genma. Ce pseudonymat m’a permis d’apprendre plein de choses (le blog en est un bon résumé / un beau témoignage de cette évolution personnelle).

Le pseudonyme, le fait de mettre Jérôme "Genma" MonNomDeFamille dans l’entête du CV, de clairement citer le blog avec son adresse, c’est mettre fin à mon pseudonymat. En donnant explicitement mon pseudonyme à mon futur employeur, je lui dis clairement qui je suis, ce que je sais faire et ce que je vaux. J’attends de L’Entreprise qu’elle fasse la distinction et respecte le fait que j’ai une identité publique (de même qu’elle doit respecter ma vie privée en dehors de mes heures d’employabilité). Il y a une forme de contrat implicite : il y a le personnage publique avec sa liberté de paroles, de ton, etc. Et la personne privée (liée à mon identité civile) qui est sous contrat avec une entreprise, qui lui doit des comptes etc. Donner mon pseudonyme permet de vérifier mes dires : ma présence en ligne, mon implication dans des projets, de voir les conférences que j’ai donné, mes écrits. Tout ce qui me permet de montrer mes capacités, mes connaissances, le fait que les technologies que je mentionne sur le CV sont maitrisées (par exemple).

Quelles conséquences ?

Si je veux à nouveau avoir un pseudonymat, il faudra que je recommence de zéro, que je récréé une identité de toute pièce (avec les outils adéquat pour ne pas relier cette identité numérique à qui je suis) et donc ne pas l’utiliser en dehors du monde numérique...

Mon identité civile finira par être liée à mon pseudonyme et celles et ceux qui me connaissent prendront un malin plaisir à en rire, à me taquiner avec ça. Il y aura sûrement d’autres conséquences que je n’ai pas encore envisagées à l’heure actuelle, on verra bien et ce sera toujours l’occasion de faire des nouveaux billets pour ce blog :) Comme d’habitude, à suivre donc...