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Aller vers le grand public

D 13 octobre 2015     H 09:00     A Genma     C 2 messages   Logo Tipee

TAGS : Framasoft Planet Libre

Dans son article Pas facile , Cyrille Borne parle de la campagne de Degooglisation de Framasoft. C’est surtout sur le commentaire de Pyg, lui même salarié de Framasoft (donc partie pris), que je voudrais revenir en le citant (commentaire dans son intégralité ici). J’ai regroupé selon 3 thèmes (un peu comme l’a fait Pyg dans son billet)

Les citations de Pyg sont en italiques (les ... indiquent des coupures), mes commentaires/remarques en casse standard.

Un public prêt à écouter

La première, très positive, c’est que "ce public là" est prêt. Il écoute, il comprend, et il est vraiment prêt à faire des efforts.(...)Mais, vraiment, en quelques confs et ateliers, nous - militants du libre - avons su informer, convaincre ET motiver. Manque l’accompagnement (j’y reviendrai), mais bon, l’enseignement que j’en tire, c’est que faire de l’éducation populaire, c’est épuisant, mais ça marche !

Bref, premier point très positif : non, on ne pisse pas dans un violon. On pisse peut être pas là où il faut. Peut être de façon très désordonnée. Mais une partie de la population "non geek" n’est pas dupe des agissements GAFAM.

Ma proposition : s’adresser en priorité à ce public là. Car je te rejoins sur le fait qu’on est pas assez nombreux. Perso, je pense que ce public (appelons le "citoyens intéressés par les alternatives à un système qui ne leur convient plus (...)) doit être prioritaire parce qu’il est *déjà* disposé à nous écouter.. Ca ne veut pas dire qu’on laisse tomber les autres publics. Mais que d’une part on perdra beaucoup moins d’énergie à en convaincre plus (et c’est con, mais quand certains repartent en étant convaincus, c’est une petite victoire, mais on a *besoin* de ces petites victoires pour continuer). Et d’autre part, ils se feront d’excellents relais auprès d’autres publics qu’on arrive pas à toucher (élus, entreprises, etc).

Je suis d’accord avec ce qui est dit et la nécessité de s’adresser à un public différent, non geek, non libriste, non technophile. C’est ce que je fais en participant à Numok - Festival numérique des bibliothèques via mon initiative A.I.2 Apprenons l’Informatique, Apprenons Internet.
Je ferais d’ailleurs un billet bilan de cette expérience forte enrichissante à la fin du mois, une fois les différentes conférences données.

Halte aux trolls les libristes

(...)Ma proposition : qu’on réserve les débats sur systemd vs upstart "entre nous". Pour avoir fait de nombreuses install-parties, franchement, on (les libristes) fait peur : on embarque tres vite, trop vite, sur les questions techniques. Parlons éthique et valeurs avant tout !!. Que Charles Dupuis-Morizeau quitte Windows pour Ubuntu, Mint, Debian ou Hurd, on s’en cogne. Déjà, qu’il utilise un OS différent, et on verra dans 2 ou 3 ans s’il préfère compiler ses paquets lui-même.

J’ai eu plusieurs fois des remarques lors de différents événements libristes. Des remarques du type "je ne me sens pas à ma place ici, c’est trop technique, ça manque de pédagogie ou de clareté. Je me sens nul-le, jugé-e, exclu-e". Pourquoi ? Pyg le dit. Le libriste fait peur. Il ne sait pas communiqué à du grand public. Il utilise trop rapidement des termes techniques, parle de "Fessebook", "Windaube". Manque plus que "Lol" et on est dans la communication qui ne passe pas. Que dire du discours d’un Richard Stallman, qui parlera aux libristes, mais pas au grand public...

Il faut faire passer au libre, c’est déjà beaucoup, en répondant aux besoins et attentes du commun des mortels. Moi même je suis encore sous Ubuntu depuis 2004 (date de la première Ubuntu) et j’utilisais Linux déjà avant (via Debian). Je suis encore sous Ubuntu car je ne souhaite pas oublier d’où je viens, le chemin parcouru. Je souhaite garder une parte de grand public en moi.

C.H.A.T.O.N.S. - Collectif d’Hébergeurs Alternatifs Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires

(...)En gros le projet consistera à co-construire un Collectif d’Hébergeurs Alternatifs Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires. Des Chatons, quoi :P Ca permettra plusieurs choses intéressantes. La première, c’est que Framasoft ne sera plus nécessairement l’association "incontournables" pour les services libres. Si 10 assos proposent demain du Etherapad Libre, éthique et solidaire, ça sera toujours ça de pads en moins chez Framasoft, et donc pas besoin d’embaucher 4 adminsys (1 seul suffira). Fini les campagnes Frama où il faut donner "toujours plus".

La seconde, c’est qu’il sera possible de faire du "local" : non seulement, si tu habite Clermont-Ferrand, tu iras voir le chaton de Clermont, ce qu’il propose (ex : du mail, du pad, un diaspora). Mais aussi, tu pourras les rencontrer pour en apprendre plus. Fini pour moi les déplacements aux 4 coins de la France, Youpi !

La troisième, et peut être la plus importante pour moi, c’est que beaucoup de ces chatons seront des associations. Et donc qu’elles proposeront des adhésions (sur le modèle de nos amis de http://lautre.net ou de http://zaclys.com où pour une adhésion annuelle, tu as accès à des boites mails, des listes, de l’espace web, etc). Et donc qu’en étant membre, tu pourras peser de ta voix lors d’une AG, demander des comptes, etc. Chaque asso étant autogérée (et évidemment sans aucun lien avec Frama, hein), ça veut aussi dire qu’on remet de la démocratie, mais aussi de la pédagogie dans ce "cloud local et bio". Fini pour moi les gens qui râlent parce que Framasoft n’en fait plus assez :P Fini, ceux qui me prennent la tête pendant 2H pour savoir comment quitter Google : "Allez voir le chaton le plus proche, il vous expliquera".

Bref, on va me dire que c’est réinventer ce que fait la FDN avec les FAI associatifs. Et oui, y a un peu de ça. Des Gull ou FAI associatifs voudront peut être faire partie des chatons (ça n’est qu’un "label" en quelque sorte), d’autres non. Ca n’est pas incompatible.

Cela rejoint parfaitement ce que j’évoquais dans mon billet Quelques réflexions sur l’autohébergement vers lequel je vous renvoie. Là encore, je suis tout à fait pour et dans cette idée.

2 Messages

  • Je ne suis pas un libriste à profil technique mais je peux témoigner de deux choses :
    La première est que quand tu présentes le libre à du grand public avec un "barbu" à côté de toi, c’est l’enfer car il t’interrompt tout le temps pour corriger un terme qu’il ne juge pas adéquat ou je ne sais quel pinaillage technico sémantique. Ton propos devient alors imbuvable auprès de ce nouveau public et ça, ça craint.
    La seconde chose est que j’ai pendant plusieurs années tenu un stand libre dans un grand festival de livre, c’est à dire que je me suis donné la peine de sortir de notre cercle fermé. J’ai d’ailleurs invité Framasoft qui est venu une année. Résultat, la très grande majorité des gens ont été très réceptifs aux arguments et je dirai même motivés !
    Nous leur proposions de passer ensuite aux install party (3 à 4 rdv dans le département chaque semaine) et cela nous ramenait du monde ! Nous avions de 10 à 20 nouvelles têtes par semaine !
    Penser que la "masse" est réfractaire à l’informatique et au libre en particulier est une erreur et j’irai même à dire de l’arrogance de notre part. C’est d’ailleurs le grand mérite de Frama de s’adresser à tout le monde avec un discours pour tout le monde et ça marche bordel !
    Enfin pour illustrer et conclure, ce matin j’avais pris rendez vous avec le directeur de l’école du quartier pour lui montrer comment utiliser la mailing list de l’académie (sympa) plutôt que d’envoyer un mail à 200 personnes et j’en ai profité pour lui présenter (en laissant un doc de 6 pages) : framadate, framapad, framacalc, framaboard, framadrop et framindmap et bien... il a adoré que je passe 2 heures à lui trouver des outils pour mieux gérer son école. On a parlé de scratch aussi avec une démo et je sens qu’il va s’y mettre car il a vu immédiatement le potentiel dans l’apprentissage de la logique et des notions mathématiques. C’est un petit pas, un travail de fourmi mais je vous encourage tous à faire la même chose et vous serez surpris de l’accueil.
    Cordialement...


  • Salut !

    Arte avait fait en 2013 un documentaire sublime "Une contre-histoire des Internets" où on on peut voir mais surtout écouter de grands noms comme Richard Stallman, Laurent Chemla, Jérémie Zimmermann, Benjamin Bayart pour ne citer que quelques-uns.

    Ces témoignages sont courts, vont à l’essentiel et sont surtout très compréhensibles pour le grand public. Ils m’ont tellement captivés que j’en suis venu à chercher sur Wikipédia, un par un, qui était tous ces gens qui méritaient aux yeux d’Arte de figurer dans ce documentaire. Car lorsqu’on pense qu’il y a que Microsoft dans la vie, des noms comme Eben Moglen ou des structures comme le Chaos Computer Club, c’est comme rencontrer un troupeau de Yetis.

    Tout ca pour dire qu’il est surement possible d’utiliser d’autres approches, en mettant même le discours technique et/ou libriste de côté : raconter des histoires, voir pourquoi pas l’Histoire.

    Une contre-histoire des Internets : https://www.youtube.com/playlist?list=PLmfiCnVD2LL5tqAlXI73hfA6akRM6B-jj