Faire des vidéos sur Youtube ? Pas pour moi

, par  Genma , popularité : 2%

Au sein de Framasoft, mon parrain, qui lui aussi donne régulièrement des conférences, en a fait filmé une et l’a mise en ligne. Une réflexion qu’il a faite m’a conduit à rédiger ce billet : Avec une seule vidéo, si on regarde le nombre de vue, j’ai déjà rempli deux stades de France. Je touche un public que je ne toucherai pas ailleurs.

Son raisonnement est assez simple : plutôt que de passer du temps, semaine après semaine, comme nous sommes plusieurs à le faire, à aller parler dans des bibliothèques pour parler hygiène numérique devant 10, 20, 30 personnes, parfois plus, parfois moins, il suffit de faire une fois la conférence devant une caméra pour toucher un public beaucoup plus large. Et surtout plus diversifié….

Il n’a pas tort mais comme je pense que c’est loin d’être aussi simple, je m’en vais m’en expliquer ici.

Il y a plus d’un an et demi, j’évoquais mon projet de vidéo, à savoir des courtes vidéos de vulgarisation que j’aurai aimé faire sur différents thèmes pour les mettre en ligne sur YouTube (et également à disposition sur d’autres canaux de diffusion). Avec un ami qui disposait du matériel nécessaire (du matériel professionnel), j’ai pu me lancer dans l’exercice et j’ai fait quelques vidéos sur fond vert, avec décor virtuel, générique et incrustation... Ces vidéos n’ont jamais été mises en lignes et j’ai laissé tombé ce projet pour plusieurs raisons.

Ce n’était pas rentable. Je parle de rentabilité en terme de temps investi par rapport au résultat obtenu. Pour 5 minutes de vidéo, j’ai du faire plusieurs prises, répétant encore et encore mon texte. Ensuite il y a eu le montage, l’habillage, pour se rendre compte d’un problème de synchronisation / décalage entre le son et l’image... Des heures passées pour 5 minutes de vidéo... Des thèmes et des vidéos à faire, j’en avais plein de prévu mais le format, la qualité finale m’ont fait arrêté. Trop de travail, pas le temps de le faire ce travail. Et mon insatisfaction. Oui, il faut faire encore et encore des vidéos pour finir par arriver à une qualité que l’on peut estimer correct. Mais je n’avais pas la motivation pour trouver le temps nécessaire pour avancer dans ce projet. La motivation n’était pas là car je n’étais pas prêt à assumer les critiques, les trolls et gérer les commentaires qu’il y aurait eu si j’avais mis ces vidéos en ligne... Bref, plusieurs raisons qui ont fait que je n’ai pas été plus loin.

Ce que je voulais / m’attendais à réussir à faire, c’était de faire des vidéos courtes. Et il y a le risque de tomber alors dans le format vu et revu avec tout ce que font les Youtubeurs. Vouloir toucher un public autre, c’est vouloir toucher le public actuel de YouTube, à savoir toute une génération qui ne lit très probablement pas ce blog et qui s’informe pas non plus via les blogs mais via YouTube.

Me lancer comme Youtubeur, je suis trop vieux pour ça. En tout cas, c’est ce que je pense. Je n’ai pas le même humour, les mêmes codes, le même langage et les jeunes générations n’accrocheront pas à mon discours. Il faut trouver comment aborder des thématiques qui me sont chères et les faire comprendre….Je ne voudrais pas faire mon vieux con et dire que c’était mieux avant, car ce n’est pas le cas. Le monde évolue, est différent et ce n’est pas parce que je ne suis pas et ne comprends pas les évolutions (par manque de temps, parce que je ne suis pas le public cible, parce que j’ai d’autres centres d’intérêts....) que je je dois le critiquer vivement.

Je commence à me faire vieux (je m’en rends même compte sur mon lieu de travail où je suis dans ceux qui ont l’âge le plus élevé), mais ce n’est pas pour autant que je ne côtoie pas la jeune génération. Via mes activités associatives dans le monde libriste, je côtoie des jeunes collégiens, lycéens ou étudiants. Mais ces jeunes ont fait le choix de venir dans cet univers que nous partageons en commun. Nous avons des centres d’intérêts communs. Ce sont souvent les geeks voir les Nerds de leur établissement scolaire comme moi-même j’ai pu l’être en mon temps. Et ces jeunes lisent des blogs, ont des agrégateurs RSS et savent et sauront trouver l’information que je souhaite partager avec eux. Et réciproquement vu que je suis leurs propres écrits, interagi avec eux... Il y a donc encore de l’espoir avec la nouvelle génération ;)

Donc pour conclure, je n’encouragerai pas ou ne découragerai pas à faire des vidéos, mais je conseillerai de bien saisir l’ampleur du travail que c’est pour avoir quelque chose de correct.

Je ne fais donc pas de vidéos mais ces dernières semaines, un samedi sur deux j’ai passé mes après-midi à faire des conférences pour parler d’hygiène numérique. Le discours est bien rodé, je me répète, je n’ai pas de travail particulier à faire si ce n’est faire le déplacement, faire mon discours, répondre aux questions et repartir. Et cela me prend mon après-midi. Mais uniquement mon après-midi. Cela ne me demande pas d’investissement en temps supplémentaire, si ce n’est de faire une veille que je fais déjà. Cela me laisse un peu de temps pour d’autres projets et quelques heures par mois pour pouvoir rédiger des billets de blog dont celui-ci.