Pourquoi faut-il refuser l’Internet des objets ?
Le concept
L’Internet des objets représente l’extension d’Internet à des choses et à des lieux dans le monde physique. Alors qu’Internet ne se prolonge habituellement pas au-delà du monde électronique, l’internet des objets (IdO) a pour but de l’étendre au monde réel en associant des étiquettes munies de codes, de puces RFID ou d’URLs aux objets ou aux lieux. Ces étiquettes pourront être lues par des dispositifs mobiles sans fil, ce qui devrait favoriser l’émergence de la réalité augmentée. Source de la définition.
L’Internet des objets, c’est le mot à la mode, qui n’a pas encore de véritable définition. Il y a derrière ces mots les notions de domotique, d’objets communicants", de "wearable devices" - qui correspondent à des objets que l’on porte sur soi dans lesquels on intègre de la technologie - comme les lunettes Google Glass ou les bracelets de fitness. Avec IPv6, chaque objet peut avoir sa propre adresse IP et peut donc être relié à Internet. On peut donc imaginer que chaque objets connectés propose un certain nombres de services associés.
Un exemple concret pour mieux comprendre ? On ajoute un lecteur RFID associé au frigo par exemple. A chaque produit que j’ajoute ou que j’enlève du frigo, la liste de course (stockée dans le cloud) est mise à jour et est accessible via une application sur mon smarpthone. Ainsi, quand je suis au magasin, je peux facilement savoir où j’en suis dans la consommation de tel ou tel produit et ce qu’il me faut acheter. Et on peut même imaginer que l’on me propose des réductions/promotions personnalisées, de tester tel ou tel produit, vu que l’on sait les produits dont j’ai besoin...
Pour la domotique, ce peut être le scénario suivant. D’un clic sur un icone dans une application, je dis que je vais me coucher et tous les volets roulants se ferment tout seul, il y a une vérification que la porte d’entrée et du garage sont bien fermés à clef (et dans le cas contraire, la fermeture se fait), les lumières s’éteignent, le chauffage se réduit dans le salon... Ou je suis sur le chemin de retour à mon domicile, je lance le four pour que le repas soit chaud quand j’arrive...
Avec le bracelet que je porte au poignet, on sait comment je dors, ma qualité de sommeil. Et on peut déterminer mon état de santé, les risques que je prends, et me conseiller en conséquence pour que j’ai une meilleure hygiène de vie...
Le problème
Ce qui me gène avec tous ces objets connectés et ce concept d’Internet des objets, c’est que, ce qui sur le papier, semble bien pratique, facilite la vie, nous amène en réalité à fournir toujours plus de données personnelles.
Sous couvert de services que nous fournissent les sociétés, ces mêmes société récupèrent énormément de données qui, cumulées, sont analysées ou revendues à d’autres sociétés.
Toutes ces données qu’il est nécessaire de récupérer pour nous fournir un service, où vont-elles ? Chez le fournisseur du service. Et quelle exploitation est réellement faite de ces données ? On nous assure un meilleur suivi, mais qu’en est-il des alliances commerciales avec des groupes d’assurances par exemple ? Il ne faut pas oublier le fameux adage, si c’est gratuit, c’est vous le produit. Personnellement, j’apparente ça à une forme d’espionnage/atteinte à la vie privée consentie, choisie... mais aussi subie.
En ayant un téléphone et un ordinateur, en surfant sur le web, je donne déjà beaucoup trop d’informations sur moi-même. Je parle suffisamment et régulièrement à travers les différents articles de ce blog du fait que je suis contre et que j’essaie de limiter ça, pour ne pas m’attarder plus sur ce sujet ici. De plus, pour le geek et libriste que je suis, je constate que nous n’avons aucun contrôle sur le matériel et le logiciel. Il y a l’obsolescence programmée qui fait que si le service est arrêté ou le support du modèle arrêté (pour mieux vendre une version plus évoluée...), ces objets ne servent plus à rien et ne sont plus fonctionnels. Qu’en est-il de l’évolutivité et du maintient du logiciel ?
Avec cet Internet des objets, on rajoute encore plus d’informatique (et donc des déchets potentiels) dans nos maisons, informatique sur laquelle on aura aucun contrôle... Bidouiller soi-même des solutions doit être bien marrant/intéressant, tant que l’on a la maitrise du système (voir à ce sujet les articles taggués Domotique de Turb(l)o(g)). Mais qui dit bidouille/hack ou autre, dit que ce n’est pas à la portée du grand publique qui préférer les solutions clefs en main, gratuites, à la mode... qui exploitent ses données personnelles réduisant d’autant sa vie privée... A méditer.