Papier ou électronique
En voyant dans les transports en commun, un jeune homme écrire dans un carnet ce qui semblait être un journal de bord, il m’est venu l’idée de rédiger ce billet. Son carnet, c’est son jardin secret, il ne pourra le partager qu’avec peu de personnes, une à la fois, celle qui tiendra son carnet dans les mains.
Moi, j’ai un rapport différent avec mes écrits et j’ai définitivement abandonné l’écriture sur papier (mis à part des todo-listes griffonnées sur des post-it que je jette). Trop contraignante. Avec l’électronique, j’ai des possibilités que le papier n’offrira jamais : à savoir le copier- coller, la réplication à l’infini et surtout la diffusion par Internet. Tout ce que j’écris, c’est sur le web. Sur ce blog, sur les réseaux sociaux, dans des forums. Ce sont des écrits pour partager, diffuser, des pensées, des réflexions, des sentiments, des états d’âmes. Avec l’électronique, quand je rédige un billet, je peux écrire dans le désordre, effacer, corriger, reprendre, réorganiser… Je n’ai pas de contrainte. L’imprimerie a apporté une véritable révolution. L’ère de l’Internet en est une nouvelle. Mon ordinateur est chez moi mais je diffuse du contenu dans le monde entier. Reste la barrière de la langue et il faut être francophone pour comprendre mes écrits.
Je suis fasciné par les lisseuses. Avoir un confort digne d’un livre, le format d’un livre (l’épaisseur et le poids en moins), avec les caractéristiques d’un livre, à savoir pas de publicités, de vidéos et autres (je ne veux pas une page web, je veux une page d’un livre, sinon, je prendrais un ordinateur). Tous ces livres dans un si petit volume. Ce qui me retient est l’aspect électronique et l’obsolescence programmée, la nécessité d’avoir des formats ouverts... Et ça n’a pas le charme du papier. L’électronique n’aura jamais l’odeur des vieux livres, que l’on peut avoir dans une librairie ou chez un bouquiniste.
Je continue à acheter des livres, tout comme j’achète des coffrets de DVD/blu-ray collector. Il me reste encore un rapport à l’objet papier. Car un livre papier, je peux faire dédicacer l’objet et profiter de cette séance de dédicace pour rencontrer l’auteur, le saluer pour la qualité de son travail. Par exemple, je ne me vois pas lire une bande-dessinée à l’écran. Et pourtant l’ordinateur n’aura pas été étranger à la conception de cette bandes-dessinée. Bien au contraire. La colorisation par ordinateur permet de faire des choses superbes. Et très souvent utilisée pour qu’on est ensuite des bandes-dessinées, des livres... imprimés. Ce qui me fait penser que chez moi, j’ai une aquarelle faîte par une amie. Une œuvre unique, faîte main, avec les traces de goutte d’eau sur la toile, c’est si beau, si vrai. Je pourrais la scanner, ça n’aurait pas le même rendu, la même prise à la lumière sur un écran. Il manquerait le grain du papier, les nuances de couleur, dépendantes de la qualité de mon écran sur lequel je regarde l’image...
Autre domaine où l’électronique remplace le papier, c’est dans la dématérialisation des documents. De plus en plus de services (eau, gaz, téléphone) proposent une facture électronique et c’est tant mieux. Les services en question gèrent le stockage et l’archivage de ces factures, moi je me contente de les payer en contrepartie du service rendu (fourniture d’électricité, d’eau, de téléphonie). L’entreprise fait des économies sur les envois (coût de l’impression et coût de l’envoi), mais il en faut pas que le particulier ait tendance à imprimer sa facture pour l’avoir au format papier (et non uniquement au format électronique), car on perd alors tout l’intérêt écologique de la dématérialisation du document. Ces documents-là, le format papier ne m’apporte pas de grande valeur ajoutée.
L’électronique devient de plus en plus présente, mais le papier a encore quelques beaux jours devant lui. Tout dépend des usages, des besoins, de ce que l’on fait. Et tant qu’il y aura des carnets, on pourra y coucher des notes, des croquis, comme le faisait ce jeune homme...