Pourquoi je quitte les Cafés vie privée ?
Mon background
Je suis utilisateur de logiciel libre depuis 12 ans. Depuis 12 ans, j’ai passé des heures et des heures à lire les débats, les arguments des uns et des autres sur comment faire pour démocratiser Linux (pardon GNU/Linux), sur le fait qu’il faille ou non porter des logiciels libres sur des OS privateurs... (Oui mais dans ce cas ils ne passeront pas sous GNU/Linux car ils ont déjà tous les logiciels...), les forks (Firefox/Iceweasel)... J’ai assisté, écouté et vu des centaines de conférences sur des tas de domaines... J’ai vu du troll... J’ai participé à des forums, publiés sur des blogs... Bref, j’ai une certaine expérience de ce domaine. J’ai la prétention d’avoir 12 ans de background en terme de diffusion, de sensibilisation, de propagande et de promotion du logiciel libre...
J’ai d’abord été un utilisateur, un apprenant (et je le suis toujours) avant de passer du coté de la diffusion de mes propres connaissances...
Depuis presque deux ans, je co-anime des Cafés vie privée. Au sein d’un groupe hétérogène. Nous avons chacun nos points de vue, nos vécus, nos expériences et nos points de vue sur "Les Cafés vie privée". De plus en plus nombreuses sont les divergences de point de vue. J’accepte la critique argumentée, je me suis remis en question sur de nombreux points. Je comprends les points de vue des autres. Mais quand on se refuse à comprendre et même à écouter mon point de vue, quand on ne cesse de dire "ce n’est pas comme ça qu’il faut faire" sans chercher à comprendre pourquoi je pense que c’est peut être une bonne façon de faire, quand l’intégrisme est omniprésent, il y a un moment où il faut savoir dire non, dire stop.
Comment parler au grand public ?
Je prépare une conférence que je serai amené à faire plusieurs fois sur "L’importance de la vulgarisation et la communication auprès du grand public". Je commence à la préparer, je n’aborderai donc pas ça en détail ici, mais je peux déjà donner quelques éléments de réflexions :
– traiter les gens de Noob, de Mme Michu c’est déjà porter un jugement ;
– selon les mots que l’on choisit, les personnes en face de nous peuvent très rapidement se sentir dévalorisée, jugée, incompétente ;
– jouer sur la peur n’est pas une bonne chose. Parler de la NSA à quelqu’un pour qui le modèle de menace c’est potentiellement la personne qui lui envoie du spam ou des mails de phishing/hammeçonnage, est-ce raisonnable ?
– dire "on dit pas crypter mais chiffrer bordel", est-ce une bonne façon de sensibiliser ?
– imposer la façon de communiquer, imposer le fait que ce ne soit pas organisé, est-ce qu’on tient alors compte des avis des autres ?
– critiquer et reprocher aux autres sans soi-même se remettre en question...
– définir une charte de bonne conduite quand on se revendique des Cafés vie privée... est-ce laisser un peu de liberté ?
Revendiquer le fait d’être irréprochable et ne pas voir que les points ci-dessus sont gênants voir bloquants, ce n’est pas être irréprochable. Bien au contraire.
Comme j’aime à l’expliquer, l’informatique est un domaine où je suis à l’aise car c’est ma passion. La personne en face de moi n’a pas à se sentir "inférieure", elle a des tas de domaines dans lesquelles elle a des connaissances, des facilités que je n’ai pas. La personne ne doit pas se sentir dévalorisée. Il faut se mettre à son niveau de connaissance, lui expliquer, avec des mots simples. On commence par les base et on monte en compétence, on élève le niveau de connaissances. On voit ce que la personnes veut apprendre, on sensibilise, on fait comprendre qu’il y a des choses qu’on estime qu’il faut qu’elle apprenne.
Et quand on interagit, quand on communique, l’intégrisme n’est pas la solution pour sensibiliser. Soit on veut rester entre nous. Soit on veut s’ouvrir aux autres. Personnellement, je suis pour la seconde option. De même que l’intégrisme dans le logiciel libre (que je peux cependant comprendre) n’est pas la solution pour la démocratisation du logiciel libre, l’intégrisme dans les Cafés vie privée n’est pas - de mon point de vue la solution. D’où ma décision.
Je quitte pour mieux continuer
J’ai ma personnalité, mon égo, ma façon de faire. Les personnes que je rencontre voient ma volonté d’être pédagogue, ouvert... La pédagogie, la vulgarisation veut dire aussi de la simplification, peut potentiellement induire en erreur. D’où mon insistance : "Je ne détiens pas la vérité. Faites vous votre propre avis. Apprenez. Critiquez. Jugez. Multipliez les sources d’informations". Je peux comprendre que l’on aime pas ma façon de faire, ma volonté de simplifier, de vulgariser. Mais je pense que c’est la bonne façon de faire.
L’appellation n’appartient à personne, mais selon la visibilité de ceux qui animent, il est facile d’assimiler une personne et une façon de faire à un concept. Je quitte donc pour mieux faire ce que j’ai vraiment envie de faire. Il y aura toujours des réflexions, des jugements, des trolls sur ce que je fais, mais si je ne fais plus ça sous l’appellation "Café vie privée" (appellation trop restrictive quand à mon ambition - le mot est lâché), on ne me jugera que moi, on n’associera pas ce que je fais avec les "Cafés vie privée", on ne pourra pas dire Les "Cafés vie privée" sont comme ça ou comme si vu que Genma les fait comme ça.
La suite ?
Je continuerai peut-être de participer aux Cafés vie privée, je ne sais pas encore. Mais je pense également faire mon propre canal de communication, en mon nom. Ainsi ce sera clairement différencier ce que je fais de façon collective de ce que je fais à titre personnel. Tout ce que je fais étant sous licence Creative Commons by SA, il vous est possible de reprendre, de modifier, de diffuser de partager et de faire à votre tour votre propre diffusion de connaissance. Car c’est là le plus important pour moi : partager, diffuser, élever le niveau de connaissances de tout le monde sur des domaines qui sont chers à mes yeux.