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Supprimer l’anonymat des blogueurs ?

D 1er juin 2010     H 09:00     A Genma     C 0 messages   Logo Tipee

TAGS : Identité numérique Benjamin Bayart Les réflexions du Genma Anonymat

Le Sénateur Jean-Louis Masson propose d’obliger les personnes privées qui publient un blog à y divulguer leurs nom, prénoms, adresse e-mail, adresse de domicile et numéro de téléphone. Un bon moyen de dissuader les blogueurs de bloguer.

Quand j’ai lu l’article Une proposition de loi veut interdire l’anonymat des blogueurs" sur Numerama, je n’ai pas réagit de suite sur mon blog car je voulais prendre le temps de bien y réfléchir et prendre du recul par rapport à ça.

Si vous lisez ce blog, vous me connaissez un peu, sinon, je vous renvoie vers ma présentation. Comme vous l’aurez compris, Genma ce n’est pas mon vrai nom, je bloggue sous un pseudonyme, je me sens donc on ne peut plus concerner par cette loi.

J’ai un autre blog sous mon vrai nom, mais je ne le remplis pas autant que celui-ci. J’y duplique quelques articles sérieux que je peux écrire sur ce blog, mais c’est bel et bien ce présent blog qui est mon blog principal. Si je bloggue sous un pseudo, c’est lié au fait que je différencie très clairement mon identité de bloggeur et ma véritable identité. J’ai par exemple deux comptes Facebook, deux comptes Twitter, deux comptes mail. Pour chacun, un compte sous mon vrai nom et un compte sous mon pseudonyme de bloggeur. Je fais ça dans le cadre de la gestion de mon identité numérique et je vous renvoie donc à cet article pour en savoir plus. Ce qu’il faut retenir, c’est que je bloggue sous un pseudo par choix. Je n’ai pas envie que mes chefs ou mes collègues de travail connaissent tout de moi, savent ce que j’aime et les délires que je peux avoir.

Mais ce n’est pas parce que j’ai un pseudonyme que je me cache derrière cet anonymat pour dire et faire n’importe quoi sur Internet. Quand je commente un blog, je signe avec mon pseudo, le lien vers mon blog et mon e-mail, je m’engage donc sur ce que je dis. Ce n’est pas le cas de tout le monde et on a le droit souvent à des commentaires débiles, des lancers de trolls ou des insultes ou propos diffamatoires. Beaucoup trop de personnes pensent pouvoir tout faire en se cachant derrière un pseudonyme. D’autres quand à elles, ne se cachent pas, donnent leurs véritables identités sur Facebook, mais mettent également des photos compromettantes accessibles à tous : on a les deux extrêmes… Je peux donc comprendre que cette proposition de loi part d’un bon sentiment, si on regarde la problématique sous cet angle.

Ce n’est pas par la répression (on a les coordonnées de la personne, on la sanctionne) mais par l’éducation que l’on pourra régler ce problème d’espace de non-droit que peut-être Internet. Il faut apprendre aux jeunes la Netétiquette et son respect. Mais quand on voit que les adultes sont clairement dépassés face aux nouvelles technologies et moyen de communication et que les jeunes sont au contraire, très à l’aise dans ces domaines, c’est loin d’être quelque chose de simple et cela reste plus facile à dire qu’à faire.

En France, nous ne sommes pas trop à plaindre (pas encore) sur la censure et la liberté d’expression. Mais petit à petit, le gouvernement cherche à contrôler Internet, à le censurer, à le filtrer. Pourquoi ? Comme l’a dit Benjamin Bayart que je vais de nouveau citer : L’imprimerie a permis au peuple de lire, Internet lui permet de s’exprimer. Or un peuple qui s’exprime et qui réflechit, qui critique la politique, qui discute dessus, qui la juge, ce n’est pas bon pour un gouvernement… On a beau être en démocratie, si la politique en place est critiquée, il y a de fortes chances qu’aux élections suivantes, ce soit un autre parti qui remporte les élections. Or quand on fait de la politique pour faire carrière et avoir du pouvoir, on n’apprécie pas de perdre sa place… Mais si on accepte ça, où s’arrêtera-t-on ? Quelle sera la limite dans l’atteinte aux libertés individuelles qu’on jugera trop exagérée, trop poussée ? Quand cela ira trop loin, ne sera-t-il pas trop tard ? C’est là une des raisons pour lesquelles je suis contre ce projet de loi.

D’autres réflexions intéressantes sur le sujet, que je recommande :
 Sur le blog de Korben
 L’article sur Numerama
 Sur le blog de Fredzone
 Sur le Standblog