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Où sont les passionné.e.s ?

D 24 mai 2017     H 09:00     A Genma     C 24 messages   Logo Tipee

TAGS : Planet Libre GNU/Linux Les réflexions du Genma

L’entreprise dans laquelle je travaille est en pleine phase d’expansion. Nous recrutons, nous cherchons des profils et des spécialistes de tout type, le point commun étant le logiciel libre.

Dans les missions que j’ai au quotidien, j’ai entre autre celle de faire passer des entretiens techniques et d’évaluer les connaissances des candidats. Une équipe travaille au recrutement et on m’affecte donc des rendez-vous, on me transmet des CV de candidats que j’étudie avant de les recevoir.

Les profils que je reçois sont intéressants. Mais aucun ne se démarque vraiment. Les personnes répondent à mes questions, me disent qu’ils font de la veille - et heureusement pour quelqu’un qui travaille dans l’informatique. Mais il manque ce petit plus. Cette petite différence, cet élément différenciant. Ils utilisent des logiciels opensource par effet de mode, parce que c’est la technologie en vague ou celle que leurs missions leurs ont imposées. Je suis face à des profils qui font de l’opensource, moi je voudrais des adeptes du logiciel libre, et la nuance est importante à mes yeux. Tous ont des diplômes d’écoles d’ingénieurs. Ont des diplômes que je n’ai pas, ont très probablement de nombreuses compétences que je n’ai pas. Mais il manque ce petit plus….

À côté de ça, je côtoie des personnes issues de parcours chaotique, des personnes autodidactes qui ont appris à apprendre l’informatique grâce aux possibilités et opportunités qu’offre le logiciel libre et ses quatre libertés. Grâce au partage de connaissances des uns et des autres via les wiki, billets de blog, forum, activités associatives et autres conférences... Des milieux que je connais bien et dans lesquels après avoir longtemps été passif, je suis devenu acteur à mon modeste niveau pour à mon tout partager mes connaissances et mon expérience acquise avec les années. Sébastien, pour ne citer que lui, est un bien bel exemple de cette réussite. Il fait des billets de qualité avec lesquels j’apprends beaucoup de choses. Ce que je cherche, c’est cette personne qui partage, qui contribue, qui diffuse, qui a une présence et une expertise dans le logiciel libre.

Alors, je profite d’avoir un réseau de personnes que je connais pour recruter et coopter. Deux nouveaux collaborateurs vont arriver dans quelques semaines, dont un qui sera dans mon équipe et pour lequel j’attends beaucoup, mais je sais qu’il sera à la hauteur et se dépassera (Et je l’aiderai pour ça). J’ai aussi de bon espoir pour Will, qui doit encore finir ses études et son alternance. Et pour toi Olivier. Quatre personnes d’ici la fin de l’année. Quatre personnes avec qui j’aurai plaisir à travailler car je sais ce qu’elles valent. Et toutes sont plus ou moins impliquées dans le logiciel libre, à leur niveau, et surtout sont des personnes qui ont ce petit plus, car passionnées.

Dans mon équipe, il y a déjà quelques beaux profils, dont un que que je voudrais prendre sous mon aile et l’aider à exploiter son potentiel. Oui Alex je pense à toi. Cela peut sembler prétentieux, mais je sais que j’ai enfin la maturité pour aider et encadrer d’autres personnes plus jeunes et moins expérimentées. Et c’est mon entreprise actuelle qui a vu ça en moi et su me mettre à la place qui me convenait.
Pour en revenir au recrutement et au titre de ce billet, tous ces profils compétents auxquels il manque le petit plus me font me poser les questions suivantes : où sont les passionné.e.s ? Où sont les autodidactes ? Où sont les personnes qui bidouillent et aiment ça ?

"Quand on a une famille on a moins de temps pour bidouiller et geek". Tel est le propose que me tienne quelques-uns de mes collaborateurs, presque désabusés. Alors je veux changer les choses, le secouer, apporter mon expérience, qui je suis, pour faire bouger les choses. Et la direction m’en donne les moyens et les opportunités.

Autre sujet, celui de la présence des femmes dans l’entreprise. Il y en a quelques unes, compétentes et talentueuses. On sait également que la parité est très difficile et encore plus dans le monde de l’informatique. Pour l’instant, je n’ai eu aucune candidate. Je n’aime pas trop et ne suis pas à l’aise avec les discriminations positives. Moi je vois l’être humain en face de moi. Qu’importe l’origine, le genre ou autre. J’ai un humain. Et pourtant, j’aimerais tant que des femmes soient recrutées et se sentent enfin valorisées pour leurs qualités techniques et personnelles, gagnent confiance en elles grâce à leur nouvel emploi. J’aimerais pouvoir dire à ma petite nièce quand elle sera plus grande que j’ai, à ma modeste échelle, contribuer à redonner aux Femmes la place qu’elles méritent dans la Société, en ayant dans mon équipe des femmes fortes et épanouies, compétentes qui font que des hommes auront remis en question leurs préjugés sexistes et misogyne en ayant travailler avec elles, sous leur direction… Oui c’est très probablement « le syndrome du protecteur » ou autre que verront certain.e.s d’entre vous vu que je suis un homme blanc éduqué cis etc. Mais celles et ceux qui me connaissent savent, je l’espère, que ce n’est pas le cas mais une vraie volonté de ma part d’aider, d’épauler et de soutenir l’autre.

Alors, si tu te reconnais, si tu es doué.e et que tu le sais. Et même si tu doutes, car ne te penses pas à la hauteur, tentes quand même. Travailles et envoies ton CV et ta lettre de motivation. Et qui sait, peut être seras tu l.e.a passioné.e que je recherche.
Pour finir, vous renvoie vers mes différents billets :
 Premières semaines dans ma nouvelle vie
 Je suis chef d’équipe ; tu nous rejoins ?
 Vous voulez que vos employés s’épanouissent ?
 Pour travailler avec moi au sein de mon équipe...

24 Messages

  • Tu veux pas recruter un vieil autodidacte ? :D
    Je plaisante genma hein. Je suis bien trop nul, bien trop vieux et bien trop loin de Paris.

    Quelques coquilles dans ton billet : " la technologie en vague" "Tel est le propose"

    Au sujet du Quand on a une famille on a moins de temps pour bidouiller et geek c’est vrai effectivement je suis bien placé pour le savoir, j’ai deux filles une maison avec du bricolage à faire et un travail qui me prend 38h10 par semaine plus les trajets. Mais comme j’ai le goût d’apprendre, de même que j’ai appris la maçonnerie et m’en sert de même j’ai installé des distributions GNU Linux à la maison et a quelques personnes de passage et passé les smartphones sous Lineage OS. Ma famille n’en a rien à faire du comment elle peut regarder les films sur la téloche du salon, la configuration d’Open Media Vault les dépasse, mais le résultat leur sert.


  • Moins de passionnés autodidacte qu’avant ? Je pense que tu as raison.

    Je pense qu’il y a plusieurs causes :

    La première, c’est que les diplômes informatique sont plus répandus qu’avant. Les entreprise ne cherchent plus des bidouilleurs de génie, mais des diplômés. Pourquoi ? Parce que cela les rassure. Mais c’est triste. Très triste.
    L’ancien directeur de mon IUT (informatique) n’avait pas le moindre diplôme en informatique, et pourtant c’était une tête. Un monstre en SQL et bases de données relationnelles, entre autres.
    Mais de nos jours les entreprises peinent à reconnaître les compétences non diplômées.

    La seconde raison, que j’ai déjà évoqué, est que l’environnement technologique n’encourage plus du tout le bidouillage et le hacking.
    Les premiers ordinateurs étaient systématiquement fournis avec un langage de programme (le BASIC, généralement).
    De nos jours, ce n’est plus du tout le cas. Il n’y a même plus de quoi faire un simple "Hello world".
    Cet environnement fait que les utilisateurs ne deviennent plus des bidouilleurs, mais de simples consommateurs.
    C’est la faute à Microsoft, Google, Apple. Année après année, ils ont infantilisé les utilisateurs et réduit leur liberté de bidouiller. Le résultat est là.

    Pour en venir aux deux autres points, oui quand on est parent, on a beaucoup moins de temps pour bidouiller. Difficile de le nier.
    Et oui, les femmes manquent dans ce métier, encore terriblement macho.


  • @sebsauvage
    Pour en venir aux deux autres points, oui quand on est parent, on a beaucoup moins de temps pour bidouiller. Difficile de le nier.

    Oui et non. Par expérience on bidouille utile.
    "papa y a mon jeu en flash qui marche plus" > mettre a jour le flashplayer sur Xubuntu
    "papa je peux plus jouer a minecraft" > alors y avait une bidouille avec java bouge pas je retrouve ça
    "papa je voudrai accéder aux videos de notre media center truc chose là comme tu dis sur la tablette" > Yalp store et application Plex

    Bon OK ça fait moins de temps pour ses bidouilles à soi, mais j’ai quand même changé trois fois mon petit netbooknosaure de distribution cette année : Manajaro fluxbox > Slitaz > Archlinux Fluxbox


  • Je suis un passionné, autodidacte et j’ai moi-même travaillé, il y a bien des années, dans votre entreprise. Je pense que les réponses à votre question sont multiples, mais pour commencer je dirai que les pratiques RH de votre entreprise, la mégalomanie du CEO, le nombre de procès aux prud’hommes, le turnover impressionnant et de manière générale la réputation de cette entreprise dans le microcosme de l’open-source français font le gros du boulot.
    Je ne vais pas cracher dans la soupe, ils m’ont donner un excellent tremplin pour entrer dans le monde du travail. Je suis sorti de là avec un CV bien étoffe qui m’a permis, jusqu’ici, de ne plus avoir vraiment besoin de chercher du travail.
    Mais voilà, le marché du travail étant ce qu’il est dans notre secteur (les ressources techniques de qualité sont très recherchés) on ne peux pas se permettre de se mettre une communauté à dos.
    Je pense que les passioné.e.s, afin de vivre pleinement leur passion, on trouvé depuis longtemps le moyen le plus simple : le faire pendant leur temps libre. Soit en proposant de simples PR soit en réalisant leur propre projet. C’est triste, mais notre point commun étant le désire de liberté, je pense que votre entreprise est une demi-solution pour les gens comme nous.


  • Bonjour,

    Peut-être penser télé-travail ... Je sais que tu ne t’es pas exprimé positivement sur ce point, puisque lors du billet de recherche de profil c’était clairement explicité ...
    Une vision professionnelle très egocentrée , moi je correspond à la description de ton message de ce jour, parti de technicien de maintenance info à ingénieur, j’ai encadré jusqu’à 4 personnes, j’occupe des postes d’ingénieurs, mais j’aime ma qualité de vie à la campagne, je ne veux pas travailler et vivre à Paris en permanence, venir une semaine par mois pourquoi pas, mais je suis bien ici pour ma vie personnelle.
    Les profils deviendront de plus en plus rare sur Paris, le marché rentre en tension, la demande est forte, le vivier s’épuise, il faudra chercher ailleurs et permettre au gens de rester là où il sont. Certaines entreprises le comprennent, d’autres non ... Le jour ou un gouvernement exonérera le télé-travail d’une partie de charges sociales, bizarrement cela deviendra compatible avec les entreprises ...
    Peut-être revoir votre vision des relations au travail ?
    Pas de troll, pas de polémique, juste le vécu d’un provincial ...

    Bonne journée.


  • Je ne sais pas si je peux, réellement, me considérer comme une bidouilleuse. Je passe pas mal de temps à lire et à hésiter avant de m’y mettre, même si je sais pertinemment que j’ai les compétences pour ne rien casser sur ma machine, grâce aux VM notamment. Quelle légitimité pourrait avoir un autodidacte à postuler ? Cela me semble de plus en plus difficile de nos jours au regard de différents témoignages que j’ai pu lire ça et là.

    Travailler dans le libre et l’open source, ça me tente énormément, comme tu le sais déjà, t’ayant déjà fait part de ma frustration à devoir utiliser des outils propriétaires dans le cadre de mon métier. Est-ce que pour autant je serai prête à me lancer dans une carrière à 100% informatique ? Je dirai que ça dépend du contexte et/ou du concept. De ce que je lis sur le site de ta boîte ou dans tes billets, je suis tentée par l’expérience. Je ne sais pas si je devrai le faire mais cette question revient régulièrement dans ma tête. Est-ce que, en tant que scientifique, je peux apporter une plus-value à ton entreprise ? Peut-être, si je ne me sens pas trop perdue ni pataude dans ce domaine.
    Cependant l’absence de parité risque aussi d’être un très gros frein, pour recruter davantage de "filles". Est-ce que tes collègues sont safes et bienveillants, par exemple ? En tant que femmes, n’y a-t-il pas un risque de se prendre des remarques sur nos tenues ou nos apparences ? Ayant l’habitude des install party, je sais qu’une femme dans un milieu "de garçons", ça dénote et surprend, même si je le ressens de moins en moins -je me suis peut-être blindée.

    Est-ce que j’aurai un jour le cran de tenter l’aventure, dans ta boîte ou une autre, et d’envoyer une candidature, même spontanée, quitte à proposer des projets ? Seul le temps nous le dira.


  • Bonjour

    Article qui reflète bien la réalité des choses. Quand tu as une famille tu n’as plus autant de temps que quand tu es célibataire. Pour mon cas, je suis un autodidacte depuis 35 ans, j’ai mon taf qui me prend 41h par semaine, une famille avec 3 enfants et 2 petits enfants et demi mais j’arrive toujours à partager ma passion avec les autres. Quand tu es un vrai passionné tu trouves toujours du temps...


  • Il y a aussi le fait que l’IT paie bien et attire des tas de personnes peu passionnées mais intéressées. Elles viennent pomper le blé, en somme. C’était surtout vrai à mes débuts vers l’en 2000 et ces personnes ambitieuses, souvent compétentes, sont montées en grade et dirigent maintenant des services IT, sans passion. Pourquoi recruterait-elles des personnes passionnées quand elle ne le sont pas. Je viens des louper un poste parce que les recruteurs (CIO) avaient peur de ne pas pouvoir m’intéresser longtemps avec leurs projets (selon leurs propres termes au debriefing), j’en déduit qu’ils ont donné le poste à une personne compétente (il y avait des tests écrits) mais visiblement qui se contente de projets peu passionnant. C’est assez déconcertant.


  • Je pense qu’il y a toujours autant de passionné.e.s, en tout cas d’informatique, mais ils y a aussi de plus en plus d’emplois disponibles pour ces passionné.e.s.
    De mon expérience les passioné.e.s et compétents ne répondent pas aux annonces, il faut aller les chercher. Sur la dizaine de personnes embauchés la dernière année dans la société pour laquelle je travaille, toutes avait déjà un emploi et une grosse majorité à été contacté par nous (connaissances, rencontres lors de conférences/formations, ou contributeurs de projets).
    Pour ton cas on peut aussi ajouter que les ESN ne passionnent pas, je ne vois que très peu de gens motivé pour travailler dans ce genre d’entreprises, a part des débutants voulant de l’expérience.

    Après je rejoint ton avis sur le logiciel libre, j’ai l’impression qu’il y a aussi de moins en moins de passioné.e.s.


  • Comme le dit sebsauvage, pour les entreprises le diplôme prime sur le reste. Quand j’étais dans un gros service achat, on trouvait des diplômés d’écoles de commerce prestigieuses mais qui ne connaissaient rien aux outils informatiques et encore moins le produit fabriqué par la boîte. Je n’ai jamais vu aussi peu de passionnés... Le peu qu’il y avait à même été viré parce que pas dans le profil rh.

    Il faut vraiment repenser les filières de recrutement car on a même des rh qui ne connaissent pas le contenu des diplômes.


  • Quand t’es passionné d’un domaine et que tu fais tes trucs dans son coin c’est une chose.
    Par contre, il vaut mieux être dans un environnement favorable et avoir une sacrée prise de recul pour s’éclater professionnellement et de manière durable à faire la même chose.

    La dispute professionnelle entre un passionné et quelqu’un qui ne l’est pas, ça peut être frustrant. On le sait tous, le monde professionnel ne regorge pas de passionnés à ce qu’ils font (ce qui n’est pas une critique de ma part, je le précise). Et quand un décideur qui n’a en tête que la rentabilité de son entreprise te demande par exemple livrer très rapidement un truc qui ne te semble pas fini comme il faut, tu as peu de poids pour lui faire changer d’avis.

    Dans une entreprise où je suis passé (et que j’ai quitté), les passionnés étaient bridés et s’arrangeaient pour ne pas trop se faire voir lorsqu’ils voulaient creuser un sujet pro au delà de ce qui était prévu par leur fiche de poste (et cela même si ça pouvait apporter à l’entreprise ultérieurement). De mon point de vue, un passionné ne peut s’épanouir en entreprise que s’il a peu de contraintes sachant que dans un cadre pro, la réalité économique revient tôt ou tard dans l’équation (vive le mot efficience). Je ne sais pas s’il y a beaucoup de structures qui offrent ce cadre là.


  • Hello Genma, je ne commente que très, très très peu, ce que je peux lire, mais je vais me permettre de le faire ici : je pense que tu as, au moins partiellement, si ce n’est totalement, raison.

    De plus en plus, nous sommes amenés à rencontrer des personnes à qui il manque "ce petit quelque chose", j’entends par là qu’ils sont certes diplômés, compétents en soi, mais qu’il manque ce petit truc, cette étincelle dans les yeux, ou ce regard qui te fait comprendre que c’est la passion qui anime la personne, et que cela va bien au delà des diplômes.

    Alors pourquoi ? Peut-être, comme le dit SebSauvage, peut-être est-ce lié au fait que l’informatique, de façon générale, va vers la simplification, parfois jusqu’à l’extrême. De facto, les utilisateurs sont de moins en moins amenés à bricoler, bidouiller, à se creuser les méninges pour arriver à faire ce qu’ils souhaitent. C’est bien, d’un côté, car cela rend l’outil de plus en plus accessible, mais hélas, cela n’est pas sans conséquences à moyen et à long terme, et ça dépasse de loin le simple cadre de l’informatique.

    Le fait d’être de moins en moins dans l’obligation de se casser la tête nous fait moins réfléchir, moins nous poser de questions, cela nous met moins dans l’obligation de trouver pourquoi ceci arrive et comment s’en sortir et donc, de façon générale, ne stimule pas nos chers cerveaux à se mettre en activité. D’autant plus qu’on sait, ça et là, qu’il y a des gens en capacité d’agir, donc on fait appel à eux, à nous en l’occurrence, pour solutionner des problèmes que nous étions tous dans l’obligation de savoir résoudre il y a quelques années.

    Sans entrer dans les grandes théories qui tiennent en bien plus d’un commentaire que j’imagine déjà bien long, c’est aussi lié au fonctionnement de la société dans laquelle nous sommes, à savoir celle du Confort (renseigne toi sur ce qu’on appelle le SONCAS pour plus de détails), tout est fait pour que l’utilisateur ait le moins d’efforts à faire, et du coup, nous réfléchissons moins, de moins en moins en fait.

    Nous, toi comme moi, ne sommes pas étrangers à cela, qu’on le veuille ou non d’ailleurs, de façon consciente ou non j’entends, nous prenons en pleine tronche cette simplification de la société et de tout ce qu’elle contient, et subissons également les effets néfastes de ce mode de fonctionnement. C’est, je pense, ce qui fait que la passion est une chose de plus en plus "binaire" : soit elle est particulièrement présente dans un ou plusieurs domaines, pour une personne, soit elle n’existe absolument pas, ou plus du tout, remplacée par des compétences acquises au sein d’un cursus mais qui, au final, n’a pas été choisi par envie ni par passion mais plus car "c’est un secteur avec de nombreux débouchés" (ce qui, du coup, devient de moins en moins vrai avec le jeu de l’offre et de la demande).

    Personnellement, je suis passionné, mais je crois que je ne t’apprends rien ;), pour autant, je pense ne pas avoir les compétences pour prétendre au moindre poste technique, je touche un peu à tout, donc à rien dans le détail, au final et si j’ai — encore — l’esprit qui tourne à plein régime, l’envie de faire, d’apprendre de nouvelles choses et plus encore, cela n’est pas suffisant pour prétendre à un poste au sein d’une société, du moins dans mon esprit.

    C’est peut-être cela, aussi, qui fait que tu manques cruellement de passionné.e.s : on se sent un peu tous des imposteurs, incapables de faire de nombreuses choses car nous sommes conscients qu’on ne sait pas tout et qu’on peut encore en apprendre, chaque jour me le prouve.

    Et lutter contre ce syndrome de l’imposteur, c’est une autre paire de manches. Bref, voilà pour cet avis. J’espère que tu trouveras les profils que tu recherches :)


  • Ils sont noyés dans la masse des gens qui ont fait des études d’informatique parce que les débouchés sont sans commune mesure avec le reste du marché du travail (et on peut pas leur en vouloir, entre être chômeur à BAC+7 sans débouchés et être un ptit dev facile à BAC+2/+3 le choix est facile).

    Ils sont désabusés et fatigués par l’entourage de non-passionnés qu’ils subissent au quotidien, du collègue au supérieur qui au fil des années brisera les illusions et la créativité qu’un passionné peut avoir.

    Il se diluera dans l’ennui d’un secteur d’activité qui est en train de se scléroser et finira probablement par se reconvertir dans un domaine complètement autre (combien d’articles de presse parlant d’un petit "artisan" reconverti venant de l’informatique ?) ou finira tout simplement par ressembler aux non-passionnés parce qu’au final tout ça pèse beaucoup trop quand tu veux t’investir et que ça te reviens dans la tête alors un taff alimentaire et des loisirs pour se vider l’esprit c’est pas si mal.

    L’informatique en France que je pratique depuis 10 ans ne ressemble pas à celle qu’on a tenté de m’inculquer malgré mon diplôme (dommage que ce mot passe un peu trop comme une insulte dans ce billet, on peut être diplômé et passionné, c’est pas antinomique et le coupable c’est pas le diplômé mais l’entreprise). Quand on fait d’un développeur un simple exécutant il ne devient qu’un rouage d’une machine sans âme.

    Aujourd’hui de mon point de vue, ce secteur m’ennuie profondément et ça ne varie pas particulièrement d’une entreprise à l’autre, méthodes différentes, problèmes différents, résultats identiques.

    Je ne correspond sans doute pas à la description du passionné que tu décris mais je me demande quand même qui de moi ou de l’entreprise a fait en sorte que je ne comptais plus faire ce travail toute ma vie.


  • Je ne pense pas qu’il y ai moins de passionné.e.s, je pense qu’il y a plus de non-passionné.e.s. Nous diminuons en pourcentage, mais probablement pas en nombre.
    Nous sommes de plus en plus marginaux dans ce monde que nous développons.
    Je ne suis pas sûr que le monde de l’entreprise soit adapté à celui des passionné.e.s, les intérêts sont très différents (argent VS connaissance). Maintenant, si vous connaissez une entreprise 100 % passion (du CEO à la RH en passant, évidemment, par le CTO et ses équipes), je signe :)


  • Cet article confirme ma vision des choses que je constate depuis un moment. J’ai régulièrement des stagiaires et je supervise des alternants dans mon métier (technicien informatique) et je constate qu’a leur age (14-18 ans et encore maintenant !!) j’avais la passion, la curiosité d’aller "fouiner" le pourquoi du comment, de comprendre comment la machine fonctionnait, communiquait. Ce qui m’a amené rapidement a l’opensource, au réseau, a l’autohebergement, la robotique etc ...

    Je constate sur la quinzaine de stagiaires que je me suis occupé, 1 seul, réellement, était passionné, mordu de nouvelles technos et en pratique y’avais pas photo sur ses connaissances, le résultat et la qualité du travail.

    Les jeunes, maintenant partent sur l’informatique car c’est facile, c’est facile de mettre en place des choses avec un bon tuto trouvé sur le net. Le problème, c’est qu’ils ne comprennent pas forcément ce qu’ils font et pourquoi ils le font.

    Du coup, on arrive à la fin avec un jeune qui a un simple Bac pro mais qui n’a pas pu aller plus loin car il était nul dans des matières classiques, mais vachement plus compétant, efficace et passionné qu’un jeune qui sort d’ecole d’ingenieur a qui le model OSI ou le syn ack flood parle vaguement, mais qui est recruté en admin/archi réseau beaucoup plus facilement car c’est marqué "ingénieur" dans le CV et on arrivent a voir des intrusions bête et méchante a cause de mot de passe simpliste ou de serveur/logiciels pas a jour.


  • Ce billet fait plaisir, parce que je suis un peu du même avis que toi. Parfois des personnes qui ont la niaque se retrouvent recrutées dans des endroits qui semblent accueillants... et puis c’est la douche froide après quelques mois, quand on se rend compte que tes compétences ne font finalement ni chaud ni froid.

    Je ne parle pas nécessairement de grosses structures où ces situations sont fréquentes, cela arrive partout. Comment un manager sans aucune compétence métier peut-il reconnaître que son équipe fait du bon boulot ? Ce manque de reconnaissance démotive, lentement mais sûrement, jusqu’au jour où la conscience professionnelle part en miettes. Le diplôme n’a aucun lien avec l’appétit que peut avoir une personne face à l’IT, ou bien c’est une passion et tu fais tout pour être le "meilleur" dans ce domaine, ou bien c’est une contrainte, le truc qui te permet de payer tes factures.

    Malheureusement on trouve beaucoup de profils en bac+5 dans le 2ème cas, des gars qui misent tout sur le diplôme mais qui sont très mauvais sur le terrain. Attention je ne dis pas que les ingénieurs sont mauvais, certains ingés sont des autodidactes qui ont su aller jusqu’au bout de leurs études et ce sont alors de super profils. Mais on croise tellement souvent des ingés imbu de leur personne, auto-satisfait de leur incompétence, de leur auto-suffisance...

    Alors c’est le bon moment pour trouver quelque chose qui remotive, trouver un autre boulot ou... tenir un blog. Pas de patron, pas de hiérarchie, seulement du partage, de l’échange et des remerciements dans les commentaires. Bloguons mes amis :)


  • Je pense que tu cherche le mouton à 5 pattes surtout. Demander de la veille, des projets libres etc c’est cool mais est-ce que tu donne le temps à tes salariés de le faire sur leur temps de travail ? est-ce que tu leur permet des horaires flexibles et du télétravail ? à priori non et il est là ton souci. Pour faire du libre il faut du temps. Il faut de la liberté. Tant que ta boîte n’aura pas compris que pour avoir des passionnés il faut leur permettre d’exercer leur passion tu n’aura forcément personne d’interessé...


  • Le jour où le télétravail, même partiel, deviendra la norme, je suis persuadé que les entreprises IT toucheront un vivier de talents qui leur est innaccessible à ce jour...
    Je me reconnais dans ta description des passionés, j’ai 20 ans d’expérience, mais jamais je ne sacrifierai ma qualité de vie en campagne.
    Ce n’est pas un message intéressé, j’ai un travail qui me plait, j’espère juste que par ricochet les mentalités sur le télétravail évoluent !


  • Très largement d’accord avec Anonyme. Quand j’étais étudiant, il n’y avait PAS de filière informatique dans l’université locale, et très peu d’ordinateurs. Donc les passionnés, on les localisaient très facilement.
    Évidemment de nos jours, tout à changé, plusieurs filières et des machines partout. Aujourd’hui les aiguilles sont recouvertes par le foin.
    Argument qui vaut ce qu’il vaut : il y a nécessairement encore pas mal de passionnés puisque les problèmes de sécurité ne diminuent pas. Ce qui devrait normalement arriver si tout informaticien devenait un mouton ;-)
    Enfin, je connais un domaine (une branche ?) où les passionnés ne sont pas rares, il suffit de sortir du privé, aller vers l’universitaire par exemple. Et nécessairement, le niveau de rémunération y fait le tri entre les passionnés et les autres ! ;-)
    PS : je passe sur le fait que nous n’avons pas vraiment défini à partir « de quand » on est passionné... (amateur,hobbyiste, féru, gourou,...)


  • Il y a aussi des passionné·e·s en non-informatique. Malheureusement, j’ai l’impression que la « startup nation » cherche à les écarter, surtout quand la passion concerne les SHS et est donc peu « bankable » à court terme.


  • Hello, j’ai le sentiment que Numendil décrit avec justesse la situation.

    Personnellement, ’’ j’ai deux amours ’’ : Debian... Et, OpenBSD.
    Sans parler de certaines technologies ...

    Je suis trop vieux pour toi, trop loin, (47), et certainement pas la santé pour cravacher à plein temps, et quand tu ne peux plus travailler en TP, il n’y a pas de boulot pour toi, et c’est encore plus vrai dans l’IT. La passion dans le travail, malheureusement, je n’y crois plus, dégouté par beaucoup de choses.
    À côté, oui... Avec des gars et des filles passionnés comme je retrouve du côté de mes deux amours.


  • TL ;DR : Avant de demander de l’enthousiasmes chez un candidat, il faut voir si ce que l’on offre a une valeur autre qu’un triste job alimentaire.

    Les passionnés... un bien grand mot. J’ai 34 ans. Je suis tombé dans l’informatique très tôt. Je me suis autoformé au basic avec le manuel de mon TO8-D. Bref, j’ai appris sur le tas. sur tous les support disponible, calculette, ordi, téléphone portable. En 2002, je rentre à la fac... un DUT Génie électrique et info indus (un pote faisait ça et j’était le premier de ma famille à aller à la fac). J’y apprend a rationaliser mes acquis. Je passe mes diplôme. Jamais le meilleur en note, mais toujours à la pointe dans la réalisation. Je galère en électronique. je redouble. 2005 je quitte mon DUT pour une licence Pro en Electronique, informatique et communication embarqué. Rien de nouveau sous le soleil l’aspect technique des réalisations et sympa mais je pense pouvoir faire plus... beaucoup plus. Je veux faire un master. J’en parle à la fac. On me "menace" soit j’accepte de commencer une licence 2 avec mon bac+3. Soit "bonjour, monde du travail". Je choisi de me soumettre. Je fais une licence 2... ou j’ai des notes exceptionnel. Le niveau est médiocre. Mes enseignants n’ont pas la moitié de mon niveau (étudiant chercheur qu’on a coller là vite fait avec un exo et son corrigé) en info général ou en électronique. Je continue. J’explore ma filière coté théorique maintenant que le coté pro est fini. La licence passe comme le reste jamais le meilleur pour passer les exams mais toujours celui qui sait faire fonctionner les chose. La maîtrise en automatique, informatique et sciences homme machine. puis enfin le master en Automatique. Pour ceux qui ne connaisse pas ma filliaire, l’automatique dont je parle ce n’est pas de la programmation d’automate, c’est du controle command, asservissement, régulation, cybernetique, etc.
    En parallèle de ça, je explore linux et internet depuis 2002 (ça correspond à mon arrivé à la fac et a un accès libre au net), test tout un tas de distribution. je me forme. Je met en relation mes cours avec mes connaissances et je fais comme dis mon entourage tout un tas de truc qu’on ne comprend pas et qui ne sert à rien. Et pourtant, je sécurise le réseau du domicile, je fournie des services supplémentaires qui sont transparent pour tous les usagers du réseau (notamment le fameux partage de vidéos sur tous les post de la maison). Ma pratique personnel et mes cours se combine pour m’ameliorer toujours un peu plus. Apprendre, le besoin qu’on arrive jamais vraiment à comblé quand ont est toujours en train de ce demandé comment les choses fonctionnent.
    2011, j’ai terminé mes études... la gloire. enfin, s’en suis 1 an de chomage. Beaucoup d’entretient. Mais vous devait comprend, savoir programmer un système expert c’est bien... en java SE aussi... mais nous ont a besoin de quelqu’un qui fait du java EE alors ça ne va pas être possible... Vous comprenez dans la région, on fait de l’informatique de gestion pas de l’informatique indus... Et le fait que vous connaissiez 14 langage s de programmation c’est bien mais vous connaissais pas celui qu’on utilise... meme pas capable de ce dire que le temps d’adaptation ne serais pas long... pour finir par trouver un boulot... Ma compagne arrivant au terme de son alternance... la ruine et proche. On m’appel et me propose une "formation au Cobol" ou je dois me déplacer sur paris... l’emplopyeur/formateur est parisien. Je découvre le monde du travail dans l’informatique. Je fais donc une "reconversion". Personne n’a lu mon CV. Je suis avec une chercheuse en biotechnologie, un ingé en agronomie, un ingé en QHSE et d’autre au meme profil. Je suis le seul informaticien. Mon formateur a 2 ans de moins que moi. Ingé de mécanique de formation. L’ambiance est très spécial. On commence par expliqué que si on moufte, on est viré par les bienfait de la période d’essai. Que si on est pas content on peu partir. etc.

    La formation est nulle, pas d’algorithmique on apprend des problématiques récurrentes et les moyens de les résoudre. Pas de reflexion. La doc "maison" est une version pré maché d’un "how to code" ou on confond un "Tant que" avec un "faire tant que"... Mais il ne faut rien dire pour ne pas se faire virer... il faut manger... la chambre d’hotel coute 200€ / semaine en colloc... et l’appart 400€/mois et les transport en comment 110€/semaine ... on ne peu pas se permettre de faire des erreurs... avec un salaire mensuel de 1450€/net. En faisant le compte sans manger j’y était deja de 200€ de ma poche par mois... heureusement que j’avais mis de coté pour renouveler mon PC. Enfin bon 3 mois de formation pour ne pas apprendre grand chose d’utilisable. en meme temps le but est de former un travailleur à la chaine pas quelqu’un qui pense.
    On me case dans une grand boite de prestation récemment acheter par le KATAR. là je découvre le "vrai" monde du travail. 120 personnes sur un plateau en "open space" du bruit. du bruit, et encore du bruit. Mais bon on s’y fait.
    Je me suis lié d’amitié avec certain de mes compagnons de galère. l’ingé agro et l’ingé QHSE. Au bout de quelque semaine l’ingé QHSE c’est fait viré... juste avant la pause dej. Raison du licenciement : il en branle pas une... assez surpris je fut etant donné que le gusse etait mon binome pendant la "formation". La formation était : AS400, cobol, DB2, PACBASE. Et chez le client on l’a envoyé en kornshell, SQL oracle, cobol. Le pauvre gus n’y comprennais rien. Personne sur place pour lui expliqué. Le client du prestataire avait demandé comment ce passé son intégration. Le presta qui le commandé a dis : il est nul, il fait rien. La réponse du client fut : et bien viré le. Ce qu’ils ont fait. pour découvrir en suite que le client plaisanté sur le fait de son intégration lente...

    Bref, un bon cadre pour l’épanouissement... a oui je suis lié comme esclave a mon employeur. Après mettre ruiné pour faire ma formation, j’ai signé avec mon contrat un dédis de formation qui indique que si je qui mon employeur, je lui doit 5000€... sauf si je suis "vendu" a un copain... le cher KATARIE... bref je "bascule" chez mon client avec un beau contrat tous neuf ou me fait comprendre que je peu me brosser avec mes compétences et mon niveau... surtout niveau salaire... on me "rachète" au même prix.

    Là je me dis bon, on va montrer ce que je sais faire. En 2 semaine, je quitte les dev cobol, et je devient admin unix... enfin sur le papier je suis concepteur dev range 1.1 coef 100 convention syntec. En gros, j’ai un diplome master d’info et on peu pas me donner moins.

    Je suis rester là bas 4 ans avant de me risquer dehors. J’etais le mec qu’on venait voir quand on arrive pas se sortir d’un truc. le mec qui n’a jamais d’augmentation... Un jour je tente un truc de fou. Je change de style de vestimentaire... je passe de jean/pull à pentalon de ville chemise.... en 3 semaine je passe chef de projet... bon toujours concepteur dev sur le papier. Mais je manage une tma de 4 personnes sur une appli centrale.

    Ma femme devient fonctionnaire. stabilité. Je me casse de cette entreprise pour la 1er qui m’offre une place. Je prend 900€ net sur mon salaire mensuel.
    Maintenant c’est toujours comme ça. Je vais au plus offrant. C’est la seul ligne de conduite qui vaille.

    Je suis passionné. Je fait mumuse avec des arduino, des nodeMCU avec microPython. Je fait du dev Python pour des petit outils perso.

    J’ai des raspberry pi avec lequel je fait du télé-maison. J’apprend sur les techno système, sur l’embarqué. il n’y a pas longtemps je me suis mis a R pour faire des cartes choroplètes et des stats sur mes jeux de roles. Je suis un fan d’outils comme git ou gitlab et son module d’intégration continue. des tests et de validation automatique. J’adore ces domaines.

    Mon boulot et chiant. Sans âmes. je suis un élément d’une chaîne. qui réalise les même tache à longueur de journée. des taches que j’automatise et qui me prennent de moins en moins de temps... que je consacre a mon autoformation. Supprimant mon travail, pour me laisser du temps pour mes hobbies.
    Je passe par mes raspberry pi pour me connecter a mes cartes de type NodeMCU et faire du dev meme sur carte à distance.
    Je trouve ça dramatique mais ça payent bien et j’ai toujours besoin de manger.

    Tu parle de passion. C’est la dernière chose à laquel je m’attend dans un travail. On prend un travailleur pour remplir une fonction. une tache. Dans ce que tu décris, tu veux "asservir" un individu passionné à une tache. Tu espère trouver un passionné exalté, enthousiaste. dis toi qu’on est passionné, exalté, enthousiaste uniquement à la lumière de ce qu’on nous offre. Propose moi, du télétravail, 100k€ à l’anné, des nouvelles techno system, du devops, du bas niveau, des l’electroniques programmable, des asservissements, des maths appliqué. Et là tu me vend du rêve.
    J’ai mis le salaire en avant parce qu’il fait manger. à 100k à l’année plus besoin de penser à ton argent... tu en gagne surement assez pour tous.

    Alors toi, a par une équipe sympa, jeune et dynamique. Une borne d’arcade en salle pause, le fait de travailler dans le libre, de travailler avec toi. Tu propose quoi ? Parce que bon là moi je ne vois que de l’esbroufe et du pathos. Le cliché sympa jeune, frais, ouvert... tu devrais rajouter port du baggy autorisé... ce serais un plus.
    Tu ne donne pas grand chose pour avoir de l’enthousiasme. ça va pas venir en faisant une ronde en ce tenant par la main et en chantant bisous, bisous, gentil bisounours. Je lis ton blog depuis un moment et tu m’a l’air d’être sympa (pathos) mais ce n’est pas suffisant pour me rendre euphorique a l’idée de travailler avec toi. Du coup toujours la même question, tu avance quoi de concret, tu mise quoi, tu garanti quoi d’intéressant.

    Pour finir, l’instant culture : l’étymologie du mot travail https://fr.wikipedia.org/wiki/Travail#.C3.89tymologie

    Pour comprendre que ça ne rime pas avec passion, sauf si par hasard on a des tendances masochiste.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Masochisme

    Vive wikipedia et vive la France !

    (PS : je suis dyslexique alors il y a des fautes, surement des tas, alors mea culpa maxima)

    Un bien fait apporté par des gens qui on une pauvre culture informatique. Dans un script fait par un type qui a 17ans d’expérience en info mais de formation licence de chimie. Un joli script shell avec ceci :

    date_du_jour=20$(date +’%y%m%d’)

    Pour ceux qui comprendrons. Lire le man lui aurait fait connaitre %Y.


  • Entreprise jeune et cool travaillant "en mode startup" cherche stagiaire dispo asap 8h-21H samedi voire dimanche de temps en temps.
    Expérience 10 ans minimum sur : docker, swift, spark, php7, ...
    Pas de CDI à la fin.

    Où sont les passionné.e.s ? Ceux qui en font plus sans qu’on leur demande, qui en font en dehors du taf (s’autoformer) et sans qu’ils ne réclament quoi que ce soit au patron. La rolls pour la patron ça c’est sûr.

    Mais c’est il y a des exceptions mais c’est pas pour tout le monde.


  • Le monde du travail recherche la performance et le gain à court-terme, de plus en plus. Dans les domaines technologiques, c’est regrettable. Dans l’emploi privé, c’est exacerbé. Comment faire pénitence et retrouver la passion ? En postulant au CNRS probablement, donc en renonçant à l’aisance matérielle.

    L’essentiel des recruteurs IT, pour un profil intermédiaire/confirmé, souhaitent quelqu’un d’opérationnel le plus rapidement, pour leurs besoins à moyen terme (qui a dit "roadmap" ?). S’ils attendent en plus "un passionné", il faut souvent comprendre "quelqu’un que l’on ne formera pas et qui prendra le temps/argent nécessaires gratos et en dehors du travail quitte à y sacrifier sa vie privée".
    Le droit à l’erreur existe peu dans ce contexte. C’est pourtant par l’erreur que l’on apprend. Couplé à l’explosion du "moi" dans notre société, ça donne des batteries de p’tit gars imbus de leur personne. Ils ne sont pas plus mauvais qu’un autre moralement : ils survivent, s’efforcent de cocher les cases du modèle de l’homme moderne.

    Mon ton est peu être trop affirmatif et péremptoire, mais je désapprends les tournures lourdes ;) "A mon avis personnellement à moi qui m’aime, je pense que etc."

    Expérience en vrac :

    - 35 ans, diplôme d’Ingéniarf info ENSI en poche, je travaille depuis 10 grosses années en environnement UNIX + Java EE + ECMAScript

    - Ma rencontre avec l’informatique, sous forme de quête. A 18 ans, alors en bac+2 commerce, ma mère ramène de son travail son vieil ordinateur alors remplacé. La boîte a un lecteur CD, je presse le bouton, le courant circule, et l’écran reste noir avec un message en anglais. Curieux, palpitant : à quoi ça sert, que peut-on faire avec la machine ? Grand amateur de Mickey Enigmes récemment encore, intrigué, je me mets en chasse pour regrouper quelques outils. Tonton bosse à la CAF et me ramène une galette de Windows 95. Il a recopié le numéro de licence sur un bout de papier (et de deux ! une belle famille de voleurs ça, tiens ^^), je me sens rebel, le vent souffle dans mes cheveux encore foisonnants, comme c’est bon. Tonton aime tater du clavier à ses heures perdues, me raconte comme la vie était douce avant que les chevaliers noirs ne s’emparent du village, me dit que la vieille femme derrière l’étable pourra surement me renseigner, et me remet - après 3 écrans de palabres - un lecteur de disquettes 3.5", une disquette de démarrage et un manuel DOS. De retour à la maison, un tournevis en main, j’ouvre le boitier. La main encore fébrile, une énigme en amenant une autre, je découvre pas à pas les nappes, jumper CMOS, et tutti frutti. Hop, on y retourne, disquette dans le pif, ça "clic !" quand on l’enfonce, c’est plaisant ce sentiment de modernité. Et mince, toujours le même écran noir. Que faire.. Je retrouve la pochette à élastiques que ma mère avait ramené avec l’ordi : 1 CD "pilotes CD-ROM" et 1 "manuel carte-mère". Ma mère ? Une carte ? De plus en plus déroutant. Je commence à prendre des notes pour ne pas me perdre en chemin. Le manuel parle d’un logiciel caché dans l’ordi : le BIOS. Wouahou ! L’écran est bleu, c’est écrit en jaune, je peux me déplacer entre les lignes de texte. C’est interactif, génial ! L’1 des lignes indique "Boot from Floppy first", et c’était écrit "floppy" sur le lecteur de disquettes. Ce n’est donc pas le nom d’un animal de compagnie, on chauffe. Puis le prompt DOS, l’installation du driver CD-ROM, le "CD D :~; SETUP.EXE" conquérant, la magie du pointeur de souris, les oeuvres d’art dans "paint", le "gestionnaire de périphériques" et ses points d’exclamation jaunes, le premier jeu installé, les CD-ROM érotiques vérolés du libraire, les galettes "50h" d’AOL, le ouéb, l’univers. Je retraverse le portail, pour trouver un guide ou quelques compères dans la vie réelle : le libraire les connait, ils publient régulièrement sous le nom "L’ordinateur individuel" : "changer l’économiseur d’écran", "5 imprimantes passées au crible". Instinctivement, malgré les belles lumières, ça a l’air plutôt creux et chiant. Mais le libraire ne m’a pas tout dit : "Linux Magazine", "Pirates Mag". Ceux-là en savent plus, ça parle de réseaux, de protocole TCP/IP, ça part d’un problème pour aboutir à quelquechose de mieux, dans une forme très brute (command line strikes back). Je n’y comprends rien, et c’est pour ça que c’est motivant. Un dernier passage sous DOS, "A :\ FORMAT C :", et bonjour Mandrake

    - Après ça, je bifurque vers les études en "e-commerce" pour tenter de repiquer vers l’informatique. Puis DUT info, la révélation d’une palette de techniques énormes pour structurer et manipuler l’information : les BDD, des langages fonctionnels, d’autres impératifs. Des trucs sérieux et réfléchis : c’est loin de chier dans l’ventilo. Ma jauge de passion est au max., et le monde peut bien s’écroooooûûûler. Puis diplôme d’ingénieur, contenant autant de technique que de "business". Là commence la débandade, au sens propre : il n’y a plus aucune page "récré" dans le cahier de vacances, juste du jargon sans trop de fond ("ROI"), de l’acclimatation au monde de l’entreprise qui nous attend ("psychosociologie des entreprises"). Je regarde une dernière fois le prof de C et systèmes, il hante les lieux depuis 30 ans, sa démarche est devenue lente et stable au point qu’il semble glisser sur le sol, tranquille, droit dans ses sockets, l’esprit affûté. "Je dois partir pour Condate, vous allez me manquer, doux ami. Que votre passion vive encore, que votre retraite prochaine lui soit un refuge". Allez.. (Floppy surgit) Sacré Floppy ! Tu es venu me dire au revoir, fripon ! Veille bien sur lui

    - Premier contrat à plein temps : forfait-jours modalité 3 Made in SYNTEC, 8h-21h + 3h chez moi. Je veux apprendre rigueur, méthodologie et qualité dans le développement, Boboss se frotte les mains. Quelques années plus tard, je ressens l’isolement, ma vie perso stagne, je commence à déprimer, je lève le pied. Boboss le prend mal, Boboss me jette. Parmi les collègues, beaucoup ont une attitude très fière et dominante, qui ne présume pas du tout de leur niveau technique. Certains sont bons et se comportent en divas, certains sont mauvais et se comportent en divas. Idem chez les humbles

    - Depuis, changement de crémerie : 8h30-17h00 contractualisé, je me sens mieux. Mon responsable me confie les anomalies critiques, les évolutions risquées ou impliquant des technos neuves, j’avance vite et confiant, je vois que le coup de cravache des dernières années n’a pas été vain, c’est bon pour la confiance en soi. Après 2 ou 3 heures, une fois rentré chez moi le soir, je me surprends à prendre de nouveau plaisir à coder, à faire de la veille, à me mettre au pieux avec un livre informatique (dans les mains). Un peu comme un ancien qui a un doute et qui s’en va ouvrir un dictionnaire : ce n’est pas long à faire, on en sort grandi, ce sont des petites doses de savoir au quotidien. Certains soirs, je repense à un truc entendu à la radio ou autre, et ce sera de "la veille de la vie" pour ce jour-ci : un sujet d’histoire, de sociologie, un bon film

    Aujourd’hui, je suis partagé sur le concept de passion. C’est déjà ne plus être passionné que de le questionner.
    Il y a tellement de choses suscitant l’intérêt ici-bas. Il y en a beaucoup en informatique, mais dans l’observation de la nature aussi, dans les relations humaines plus qu’on ne serait tenté de l’hypothéquer.
    Se passionner pour 1 domaine, c’est renoncer aux autres domaines de la vie, si l’on peut dire. Je ne pense pas pouvoir m’abandonner comme ça, totalement, à l’informatique. La déprime l’emporterait sur la curiosité.
    On invente des procédés ingénieux, on a le cortex qui baigne dans l’allégresse, et puis on se réveille : on est seul, ou on fait souffrir son entourage en lui négligeant l’attention nécessaire au vivre-ensemble.