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Le métier passion

D 21 mars 2018     H 09:00     A Genma     C 4 messages   Logo Tipee

TAGS : Les réflexions du Genma burn-out

Cela fait un petit moment que je n’ai pas écrit de billet sur mon emploi actuel. Les précédents billets, à savoir Mars 2017 : Je suis chef d’équipe ; tu nous rejoins ?, Mai 2017 : Où sont les passionné.e.s ? ou encore Septembre 2017 : Il y a un an - Ma lettre de motivation sont toujours aussi vrais. J’ai même fait une conférence sur le sujet de mon évolution personnel ( Du pseudonymat au pseudonyme) et de la relation particulière que j’ai avec ma hiérarchie du fait que mon pseudonyme soit connu.

Comme je le disais dans mon billet sur l’autocensure, le partage de son expérience et de ses erreurs est important pour éviter à d’autres de faire les mêmes, du moins de pouvoir apprendre de notre propre expérience. Voici donc un billet sur le métier passion et à quel point cela peut devenir problématique...

En un an, d’architecte à directeur d’équipe

Depuis que j’ai découvert Linux et le logiciel libre il y a plus de 15 ans, j’ai rêvé secrètement d’être payé pour ma passion. J’ai toujours été intéressé par le sujet mais je n’avais jamais eu l’occasion de travailler dans le domaine du logiciel libre. En août 2016, j’ai redéfini mes priorités et j’ai passé mes vacances d’été, soit 3 semaines au rythme à 8h par jour à apprendre à être administrateur système, à monter en compétence sur le sujet, à consolider des connaissances et une expérience de plusieurs années. En Octobre 2016, je posais ma démission. Et je commençais en janvier 2017 avec une mission en tant qu’architecte. J’ai débuté ma nouvelle carrière avec déjà une reconnaissance de mes compétences (le fait de passer de consultant confirmé à architecte). Et en étant déjà dans une phase où j’avais passé des vacances non pas à me reposer mais, d’une certaine façon, à travailler, du moins à faire fonctionner mon intellect des jours durant sans le moindre repos.

A la fin de mes vacances d’été 2017, je rédigeais Bilan de mes vacances d’été. J’y abordais le fait que durant les six premiers mois de mon nouvel emploi, j’avais cherché à trouver un rythme sans vraiment de succès, que la seconde partie de l’année, j’avais des projets plus personnels, qu’il y avait le fait que j’allais me déconnecter un peu le week-end.

Le constat est que cela a été le contraire... En semaine, je suis allé au-delà de ce que l’on attendait de moi. Je me suis impliqué dans différents projets parce que je le voulais, parce que cela me plaisait. On en m’a rien demandé, on ne m’a pas forcé. J’ai choisi. Cette implication au quotidien a donné lieu à de la véritable reconnaissance de la part de ma hiérarchie, en me donnant en début d’année 2018, plus de responsabilités que je voulais (Mon profil Linkedin parle pour moi et montre ma progression dans ma carrière et j’en tire un certain plaisir et satisfaction).

Le métier passion

Pourtant, j’ai du me rendre à l’évidence. Mon métier est devenu une passion dévorante. J’aime ce que je fais. Vraiment. Chaque jour je me lève content d’aller sur mon lieu de travail. Et le soucis et ce que je n’ai pas vu venir, c’est que ma conscience professionnelle va très probablement au delà de ce qu’elle devrait être, du fait de plusieurs choses.

J’ai vécu une première carrière au sein de la même grande entreprise informatique, dans laquelle je me suis investi et où je n’ai aucune reconnaissance. Manque d’expérience, manque de contact avec ma hiérarchie, manque d’implication. J’ai cherché à faire reconnaître mes connaissances acquises à titre personnel (veille, connaissances et applications dans le domaine du logiciel libre, blog...) sans succès (cf mes billets sur le sujet comme Outer mon hacktivisme ? et Du pseudonymat au pseudonyme), ce qui avait conduit à ma démission et à l’entrée dans ma nouvelle entreprise. Et là, c’est tout le contraire : je fais ce que j’aime, travaille avec des technologies que j’aime sur des sujets que j’aime...

Avant, dans mon ancienne carrière, je pensais savoir ce que je valais et je n’avais jamais eu l’occasion de montrer mes véritables compétences. Avec ma nouvelle carrière, je fais de mon mieux et encore plus je m’implique et la reconnaissance des autres et de ma hiérarchie est là. Et surtout je vois que j’ai regagné en confiance en moi, que mes compétences personnelles étaient bien réelles.

Je connais mes capacités, mais mal mes limites. Et je n’ai cessé de vouloir aller plus loin. J’ai commencé à arriver plus tôt. A partir plus tard. A avancer des sujets le week-end. Parce que j’en avais envie. Parce que ça me plaisait. Parce que le chantier de refonte et de consolidation du système d’information est un chantier de grande ampleur, technique, qui prend plusieurs mois et que j’ai envie d’avancer. Ça me plaît, ça m’intéresse....

Mais quand on commence à se réveiller la nuit et à prendre des notes pour se dire "Je dois faire ça, et si, et ça" et qu’on ajoute des éléments à sa todo-liste de sa journée, cela doit être un signe. Quand on commence à moins dormir, à avoir des insomnies... Non pas à cause de cauchemars, de mal-être ou autre. Mais tout simplement parce que le cerveau ne s’arrête pas. Il réfléchit, avance, se nourrit de la passion. Le déclic aurait dû être quand je, réveillé à 5h du matin, je me suis "de toute façon je ne dors plus, alors autant me lever, partir plus tôt et arriver plus tôt, ou commencer ma journée et partir à la même heure". La fatigue s’est accumulée insidieusement... Mais la stimulation des journées, les cafés, l’excitation et le plaisir de travailler. J’ai compté les heures faites en semaine.... Juste pour voir. Et j’ai tiré plaisir de ce chiffre élevé qui ferait bondir n’importe quel syndicaliste. A côté de ça, je me suis mis une pression personnelle, ai fixé mes propres objectifs et un niveau d’attente et d’exigence tel que je me suis retrouvé à me trouver déborder alors que je suis tellement organisé avec mon lifehacking, ce n’est pas possible... J’ai commencé à tout intellectualiser (le prochain billet sera plus particulièrement sur ce sujet).

A la fin de ma précédente carrière, j’étais en bore-out, sur une mission placard, avec peu d’activité et la déprime, le manque de confiance en moi, l’absence de reconnaissance... Avec mon métier actuel, j’ai donné sans compté, par choix, par plaisir, j’ai parfois fait des sacrifices volontaires sur mon temps personnel, mais comme j’avais et j’ai une réelle reconnaissance, j’ai frôlé le burn-out. Burn-out. Le mot est dit. Je suis passé d’un bore-out il y a un an et demi à un signe annonciateur de burn-out.

Avec des éléments personnels à côté compliqué dont je ne veux pas parler (cf mon billet Autocensure, nouvelle réflexion sur le sujet, j’ai dû prendre du recul. Ce que je fais via la rédaction de ce billet (et d’autres, écrire pour le blog me détend), en prenant du temps pour moi, à regarder des séries et des documentaires sur Netflix, en me changeant les idées et en pensant à autre chose... Je pense que ça ira mieux une fois que j’aurai repris un de ma fatigue cumulé et que j’aurai assimilé le fait que je suis avant tout un humain et non une machine.

En conclusion

Je le redis, j’aime mon métier. Vraiment. Ce n’est pas tous les jours faciles. Mais ça me plaît. Je fais enfin ce que j’aime et ce que, quelque part, j’ai toujours cherché à faire. J’ai enfin trouvé ma voie. Mais je vais travailler sur ma volonté de toujours en faire plus. Je peux en faire un peu plus, mais pas beaucoup plus. Je dois apprendre à compter mes heures, à savoir m’arrêter, à savoir remettre au lendemain ou à déléguer. Ainsi, je continuerai de m’épanouir, mais de façon positive.

4 Messages

  • Prendre du recul c’est bien. Parler de tout ça et de plus a un psychologue c’est mieux. Tu ne feras pas tout tout seul y compris prendre du recul. J’ai payé le fait d’avoir essayé.


  • Faites ce que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler pendant un seul jour .
    J’essaie aussi de m’auto-former pour devenir administrateur système . Comment êtes vous organisés pour réussir ces 3 semaines d’apprentissage ?


  • Bonjour, je tombe sur ton blog par hasard.... alors un petit message d’encouragement ; te prends pas la tête, fonce et prends du plaisir ! tu vois , je passe à la retraite a la fin de ce mois et j’ai commencé l’informatique à 16 ans , j’ai commencé avec les cartes perforées, je finis avec les Arduino et les Orange Pi ; chaque jour, j’ai pris du plaisir à aller au travail : donc, tu vois : c’est possible de passer toute sa vie en étant heureux d’aller au boulot faire sa passion et d’être payé pour le faire. Allez : bonne chance et crois en toi ! et si tu n’es pas heureux a un endroit : Change !


  • Une plume très plaisante à lire pour une échouée par hasard ici.
    Est-ce que le burn out ne serait juste pas un moment d’adrénaline et de révélation quant à ce que tu as voulu faire de ta vie ? J’ai l’impression que tu étais finalement grisé d’en être arrivé là.
    Je ne crois pas au burn out en tant que quelque chose que l’on subit, mais bien quelque chose qu’on a fait venir - une alerte pour les uns, harcelés ; une apogée pour d’autres.
    J’espère que tu continueras à faire ce que tu aimes et à te sentir bien.
    Keep on !