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Critique des Loups du web

D 17 novembre 2015     H 09:00     A Genma     C 0 messages   Logo Tipee

Ce billet fait suite à mon billet Documentaire Les Nouveaux loups du web

Jupiter-films

Jupiter-films propose de diffuser dans des salles des documentaires, les vend également en DVD et VOD et propose un Dimanche par mois, dans le cadre des Dimanches de la Connaissance de venir découvrir un film suivi d’un débat. Dix rencontres & Débats passionnants pour nous aider à incarner le changement que nous voulons voir dans le monde. Le programme est disponible en ligne.

C’est dans ce cadre qu’a été diffusé le documentaire Les Loups du web.

Le documentaire les Loups du web

Je vous renvoi vers mon billet Documentaire Les Nouveaux loups du web.

Critique du documentaire Les Loups du web

La salle était peu remplie. Le sujet, le manque de promotion ou la date (le dimanche suivant sur le sanglant vendredi 13 novembre 2015) ? Dans le public présent, j’ai vu quelques libristes et personnes qui me sont familières. Mais l’autre moitié du public était du grand public, d’un certain âge, probablement des habitués du rendez-vous mensuel de Jupiter-films.

Ce film a été tourné avant les révélations de Snowden. Une bonne chose car on voit autre chose que tout ce qui a été lié aux révélations (un film y est même dédié, Citizen Four pour ne pas le nommer). Le documentaire est composé de deux parties. Une première sur l’exploitation des données personnelles par les GAFAM. Une seconde sur les conséquences possibles et les lois/décisions politiques qui sont prises.

Daté de 2013, il faut presque le voir comme le témoignage d’une époque, un arrêt sur image pour faire un état des lieux à un instant t, tant les choses ont évoluées et pourtant continuent dans la droite lignée de tout ce que ce reportage évoque.

Le documentaire essaie d’être un outil pour le grand public et est d’une certaine façon un outil qui manquait permettant d’interpeller le grand public. Il se base sur un smili "contrat d’utilisation" pour délimiter des parties et chapitres visuellement et j’ai trouvé que c’était une très bonne idée.

Dans les reproches, on pourra dire que le reportage est très axé sur ce qui se passe aux Etats Unis, à un format de montage et un rythme typique des reportages à l’américaine. Toutefois c’est le type de reportage que je verrais bien sur Arte et France 5.

Prises de notes lors du débat

Suite à la projection s’en est suivi une sorte de séance de questions/réponses (qui a durée 1h30, le temps est passé très vite) avec comme intervenant pour représenter Framasoft, Pierre-Yves Gosset (PYG) et pour La Quadrature du Net, Adrienne Charmet-Alix (ACA). J’ai pris des notes et les voici donc remises au propre. En gras les thèmes ou questions du présentateur de Jupiter-films, qui ont structurées l’intervention. Ces notes sont incomplètes mais donne des pistes et idées sur ce qui a été abordé durant ce temps de discussion.

Rq : ce débat a été film et devrait être disponible sur la vidéo en VOD et sur le DVD du film Les Loups du web.

Début de la prise de notes

ACA : Le reportage est américano centré mais en Europe on est sur le même type de pratique, voir pire en France. Il y a des obligations pour les hébergeurs qui sont plus lourdes en France et en Europe (et donc plus de données à transmettre). (...) Il n’y a pas de contrôle indépendant des services de renseignement. Une commission peut faire du contrôle à postériori, avec recours au niveau du conseil administratif (services de l’Etat), mais on se voit très souvent opposé au Secret Défense. Si l’on demande au gouvernement ce qu’il a sur nous, on peut se voir opposer ce motif et ne pas avoir de réponses. De plus, le 1er ministre peut passer outre les recommandations et décisions de la commission de surveillance.

Moteur de recherche : outil pour l’accès à la connaissance

PYG : 92% des parts de marché sont liés à Google.

Question : Comment éviter Google ?

PYG : Google n’est pas qu’un moteur de recherche (il mentionne les téléphones, télé, détecteur de fumée...) On peut utiliser d’autres moteurs de recherche. Mais le souci est dans l’évolution de Google : il y a un rattachement des informations cherchées à toutes les autres données cumulées/collectées chez Google. PYG évoque Bulle de filtre Google fonctionne bien parce qu’il a des données sur nous et nous enferme. Et la difficulté de quitter ce confort. D’où un débat confort contre vie privée.
PYG rappelle que Google c’est 10% du web visible indexé seulement. Ce qui montre bien le souci de la volumétrie en terme de stockage, puissance machine etc. si on souhaite lancer une alternative. Actuellement, les alternatives sont des meta-moteur de recherche qui interroge Google et anonymise les données (Il cite Startpage, Framabee/Tonton roger). PYG rappelle que lors de l’utilisation d’un moteur de recherche alternatif, il faut faire une requête plus précise (préciser un lieu vu que l’on n’est pas geoglocaliser par exemple).

ACA invite à aller voir les sites Prism-break.org et ControleTesDonnées.net (site édité par la Quadrature)

ACA évoque la nécessité pour les gouvernements que les grandes entreprises engrengent les données, car ils en ont besoin pour leurs exigences sécuritaires. De ce fait il laisse donc ces entreprises les utiliser à des fin marketing.

PYG fait un rappel sur les accès des applications de Smartphone à la caméra, carnet de contacts etc.

ACA : on n’a pas le choix, soit on accepte, soit on n’utilise pas

Le Cas des smartphone

Sur les smartphones, on a un OS qui est fourni par défaut, et qui reste très difficile à changer. Les smartphones fonctionnent via via des applications, qui sont autorisées ou pas (via le store) à marcher (mention du puritanisme d’Apple face à la nudité etc.)

PYG rappelle qu’il faut penser à supprimer les applications dont on ne sert pas (En citant l’exemple de l’application lampe de poche qui a accès aux contacts...). Il évoque brièvement l’arrivée d’alternative (FirefoxOS)

Comment protéger nos données personnelles et pourquoi ?

ACA : Pourquoi ? On a tous quelque à cacher sans que ce soit quelque chose de répréhensible à cacher. Ces choses, ce sont nos opinions personnelles, politiques, religieuses. C’est comme si on mettait une caméra en continue chez soi, on ne l’accepterait pas. ACA rappelle la notion de sphère d’intimité : c’est un peu comme si on nous obligeait à laisser la porte ouverte, à ne pas avoir de volets etc. La vie privée et la liberté de penser ce qu’on veut, avoir les amis qu’on veut sont des conditions nécessaires à l’exercice de la démocratie. Dans une société surveillée, on se limite, on ne s’autorise plus à penser certaines choses... ACA cite l’exemple de l’utilisation de l’espace public quand il y a des caméras partout : on ne s’arrête plus sur un banc public, il y a donc un appauvrissement de l’usage des espaces publics, inconsciemment.

PYG fait un sondage à main levée sur l’usage de Gmail : 50% de la salle.

ACA parle alors de la sécurité. On a envie et besoin d’avoir de la sécurité, évidemment. Il y a 2 grandes voies : je veux tout connaître pour pouvoir détecter, surveillance de masse. Ou le travail direct : remonter les filaires, infiltration, surveillance ciblée... La surveillance de masse n’est pas efficace (3 attentats déjoués en 12 ans pour la surveillance de la NSA).
Dans les cas des attentats de janvier en France, les commanditaires étaient tous connus des services de Police... De plus quid de la conservation de ces données dans la durée ? Qui sera le prochain président ? Que fera-t-il de toute cette surveillance ?

On est dans un monde de plus en plus numérique. Comment faire ? Quoi faire ?

PYG : Aller dans les EPN : espace public numérique (en médiathèque ou autre). Leur demander. Apprendre et se former. (...)Le numérique, ce n’est pas que le web. Musique, livres, télévision : tout est numérique.

A qui appartient ce numérique ? On souhaiterait que ça continue à appartenir aux citoyens et non aux gouvernements ou à des entreprises.

ACA : Les politiciens n’ont pas forcément compris le numérique et en ont peur. Il y a nécessité que plus de citoyen s’approprie Internet, aient la connaissance.

PYG : Ne devenez pas le prolétariat du numérique de demain. Pour sortir de ça : l’éducation au numérique.

ACA : ne pas pensez le numérique contre autre chose. Quasiment tous les projets de lois ont un volet qui touche au numérique à l’heure actuelle. Posez-vous les questions suivantes : qu’est ce que ça implique dans ma vie personnelle ? Est-ce que je suis d’accord avec ça ? Dans le cas de l’exploitation des données : ce n’est pas grave car ce n’est pas lié à Internet ou est-ce d’abord une question de vie privée ? Qu’est-ce qu’on accepte ou qu’on n’accepte pas ? Il y a nécessité pour les citoyens d’aller voir les politiques pour discuter, sensibiliser, montrer leurs intérêts pour ces problématiques. Car le droit à la liberté d’expression, à l’information, à la vie privée se joue majoritairement sur Internet

Question sur Linux Gratuit, qui paie ?

PYG rappelle ce qu’est le logiciel libre : possibilité d’utiliser, d’étudier, de modifier, de partager... Tout cela étant possible via le code source (la recette de cuisine). Il n’y a pas d’argent donc pas de publicité, pas de lobby. S’en suit un rappel sur L’Ubuntu Party et la présence de Mozilla, Framasoft, La Quadrature dans la partie associative.

PYG : Ca choquerait qu’il y ait des publicités McDonald à l’entrée de la cantine des enfants. Ca ne choque personne que les ordinateurs des écoles soient sous Windows... Il rappelle alors que Framasoft vit des dons que font les gens

S’en suit quelques remarques questions rapides du public.

Fin de la prise de notes.